Monthly Archives: June 2022

La dixième muse

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d’Alexandra Koszelyk
Paru aux Forges de Vulcain

Au cimetière du Père Lachaise, des racines ont engorgé les canalisations. Alors qu’il assiste aux travaux, Florent s’égare dans les allées silencieuses et découvre la tombe de Guillaume Apollinaire. En guise de souvenir, le jeune homme rapporte chez lui un mystérieux morceau de bois. Naît alors dans son cœur une passion dévorante pour le poète de la modernité.
Entre rêveries, égarements et hallucinations vont défiler les muses du poète et les souvenirs d’une divinité oubliée : Florent doit-il accepter sa folie, ou croire en l’inconcevable ?
Dans cet hommage à la poésie et à la nature, Alexandra Koszelyk nous entraîne dans une fable écologique, un conte gothique, une histoire d’amours. Et nous pose cette question : que reste-il de magique dans notre monde ?

Il s’agit du second roman d’Alexandra Koszelyk. Un roman sensible, onirique et poétique, dans les pas de Guillaume Apollinaire. Un roman où nature et poésie cheminent ensemble…
Lors de son parcours initiatique, Florent finira par retrouver ou identifier ses failles profondes, intimes et secrètes dans la vie et l’œuvre d’Apollinaire. Il suivra sans faillir ce parcours, quitte à mettre sa vie personnelle entre parenthèses pour essayer de s’approcher de la vérité.
Ce roman est un bel hommage à Apollinaire et à la poésie, avec de beaux extraits de poèmes disséminés dans le texte et une structure particulièrement originale. Le récit magnifie le réel, à la manière d’une poésie. Le saugrenu et le surprenant surgissent, sans que cela ne soit gênant. Le champ des possibles est démultiplié et cela va à merveille avec la plume délicate d’Alexandra Koszelyk, qui nous saisit de sa magie.

Le sanctuaire d’Emona

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D’Alexandra Koszelyk
Paru chez Robert Laffont

Le premier tome d’une saga fantastique à la beauté envoûtante, une ode à la Nature et à la puissance de la douceur contre la barbarie. Séléné n’a gardé de son passé d’enfant adoptée que son prénom et une mystérieuse marque en forme de croissant de lune au creux du poignet. Irina prétend lire dans les étoiles, consulte sans cesse son tarot divinatoire et fabrique des santons magiques dans des écorces de bois.
L’une et l’autre n’ont rien en commun, mais lorsqu’elles se retrouvent coincées en Slovénie dans une étrange maison dissimulée au fond d’un parc planté d’arbres centenaires, elles comprennent que leur rencontre n’est pas liée au hasard. Des forces invisibles sont à l’œuvre, qui les poussent au seuil d’une découverte extraordinaire. De celles qui changent la face du monde.

Ce premier opus tient du voyage initiatique et nous propose une véritable odyssée à la recherche de “nos” racines. Porté par une belle plume qui nous offre un texte ciselé, poétique et riche, le récit démarre tranquillement. La mise en place est un peu lente au regard de la densité de la suite et de la soudaine accélération du dernier quart. Certes, l’urgence est là, mais le rythme s’en trouve brisé et le lecteur déstabilisé. A cela près, le voyage est enchanteur, presque envoûtant. L’histoire est profonde, riche de références culturelles et de ramifications, et surtout, follement mystérieuse. Elle s’appuie sur l’histoire de la ville de Ljubljana en Slovénie, ce qui contribue à lui donner encore plus de consistance. L’intrigue est captivante, malgré quelques incohérences. Je suis curieuse de lire la suite de cette aventure…

Quand tu lèves les yeux

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De Decur
Paru chez Seuil jeunesse

Lorenzo vient de déménager avec sa maman. Accroché à son téléphone portable, un peu perdu, le jeune garçon explore sa nouvelle maison. Dans sa chambre, un meuble étrange attire son attention. Derrière un panneau secret, Lorenzo trouve un cahier plein d’histoires qui le transportent dans un monde énigmatique, point de départ d’une enquête qui risque bien de changer sa vie…

Lorenzo est mécontent de déménager… Il n’est pas plus ravi de trouver un énorme vieux secrétaire dans sa chambre. Pourtant le cahier qu’il découvre derrière un panneau secret va changer son quotidien. A travers quatre histoires illustrées au moyen de découpages sur fond jaune et dont le narrateur prend une apparence animale chaque fois différente. Ces histoires abracadabrantesques pousseront Lorenzo à ouvrir les yeux et à s’intéresser à ce qui l’entoure. Il découvrira ainsi que ses histoires apparemment sans queue ni tête sont en fait inspirées de son environnement. Ces découvertes le passionneront au plus haut point, le poussant à dessiner ses ressentis.

Il s’agit ici d’un roman graphique étonnant qui offre un vibrant hommage à l’imaginaire. Les deux univers sont bien distincts, tant par la police utilisée, le style narratif, le graphisme et les fonds de couleur. Pas d’équivoque possible et pourtant ils se rejoignent, d’abord au fil de l’enquête de Lorenzo et ses découvertes, mais aussi visuellement, avec notamment l’apparition d’éléments découpés dans la “vraie vie”. Ainsi Lorenzo comprend et s’approprie le sens des histoires et on comprend que les deux mondes sont en fait indissociables.

La lecture est prenante et le graphisme, bien que singulier, est assez saisissant. Le récit très poétique, est vraiment touchant et émouvant lorsque la boucle se boucle. C’est indéniablement un album hors norme que nous avons là et je ne regrette pas d’avoir levé les yeux jusqu’à sa couverture et d’avoir fait preuve de curiosité.
Levons les yeux !