Monthly Archives: October 2019

Inkarmations

Standard

InkarmationsDe Pierre Bordage
Paru aux éditions Leha

Opposés dans un affrontement qui semble sans fin, karmacharis et rachkas s’affrontent depuis la nuit des temps. Dans l’ombre, le souverain des abîmes et ses sbires, les rakchas, s’acharnent à précipiter l’humanité dans le néant tandis que les seigneurs du Karma veillent à sa survie et envoient leurs karmacharis pour intervenir dans les affaires humaines lorsque la trame karmique est déséquilibrée, qu’elle menace d’entraîner l’humanité et la Création tout entière à sa perte. Un conflit qui nous entraîne à travers le temps : passé, présent ou futur, moyen-âge, préhistoire, antiquité, colonisation spatiale, guerres futures, XXe siècle…
Mais le souverain des abîmes semble avoir trouvé le moyen de porter un coup fatal à l’humanité et d’obscurcir la légendaire clairvoyance des Seigneurs du Karma dont le Vimana lui-même semble gangrené de l’intérieur. Les Sages du Conseil, les administrateurs du Vimana, ne seraient-ils pas les premiers alliés du souverain des abîmes et de ses démons?

Après un début un peu complexe et confus visant à camper une lutte plurimillénaire entre les karmacharis (qui protègent la trame karmique) et les rakchas (les démons qui cherchent à la détruire) au-delà des frontières du temps, l’intrigue prend corps dans un moment dramatique où les démons sont en passe de remporter la victoire. Ce sera l’occasion de faire converger les différents personnages que rien ne semblait lier au départ et jeter toutes les forces dans la bataille. Tout s’assemble enfin et fait sens !

Le récit nous apportera son lot de rebondissements, de complots, de trahisons, mais aussi de philosophie. Les personnages principaux sont fascinants et attachants. Ils devront sans cesse louvoyer entre les principes établis, les missions et leurs vœux les plus chers et feront preuve d’une grande humanité en dévoilant tour à tour leurs forces et leurs faiblesses, exposant leurs limites pour mieux les dépasser.

Initialement inspiré du karma bouddhique, ce roman finit par le dépasser pour apporter une vision universelle de la foi et de la spiritualité… Par le biais de la fiction, le message passe très bien.
Le rythme soutenu finira de convaincre le lecteur…

Pour ma part, même si l’ensemble constitue une lecture non désagréable, le début décousu ne m’a pas emballée et j’ai trouvé la fin trop hâtive…

Boo

Standard

BooDe Neil Smith
Paru chez l’Ecole des loisirs

Lorsqu’il se réveille au Village, Oliver « Boo » Dalrymple est à peine surpris. Son cœur malade, croit-il. Mais quelque temps après son arrivée dans cet au-delà réservé aux trépassés de treize ans, le jeune garçon découvre, horrifié, qu’il a été victime d’une fusillade. Pire encore : son assassin pourrait bien se trouver lui aussi au paradis. Avec l’aide de Johnny, un camarade de classe arrivé au Village peu de temps après lui, Boo se lance dans une chasse à l’homme pour retrouver le mystérieux « Gunboy » qui leur a ôté la vie. Mais dans cette antichambre de la mort où les fenêtres brisées repoussent comme par magie et où le ciel demeure éternellement gris, les apparences ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être…

Ce roman se passe au Village. Un paradis assez loin de celui que l’on pourrait imaginer. Boo, asocial, mort tragiquement, se retrouve dans un endroit peuplé exclusivement d’ados de 13 ans (ce paradis est organisé par âge), comble de l’horreur pour lui. Comme si cela ne suffisait pas, il semblerait que son meurtrier se soit donné la mort et se trouve également au même endroit, ce qui donne lieu à quelques péripéties.

Je trouve ce livre très original, d’abord par son thème et la façon dont il est traité. Petit détail auquel je suis personnellement sensible : la couverture extra avec ses découpes façon vieux casier…
Ce paradis que nous découvrons avec Oliver est vraiment étonnant. Des questions existentielles autour de la marginalité, du vivre ensemble et de l’amitié seront également abordées et le point crucial de ce récit sera de savoir s’il faut se venger ou bien pardonner.
Par ailleurs, l’intrigue ménage quelques surprises et ce, jusqu’au bout. On ne s’ennuie pas un seul instant avec cette lecture !

Happy jazz

Standard

Happy jazz

De Carl Norac
Illustré par Ilya Green
Chansons sélectionnées par Misja Fitzgerald Michel

Une magnifique mise en textes et en images du disque original Happy Jazz.
15 incontournables du jazz sélectionnés par Misja Fitzgerald Michel, interprétés par les plus belles voix de l’âge d’or du jazz  : Happy talk (Ella Fitzgerald), Tutti Frutti (Slim & Slam), Doop-doo-de-doop (Blossom Dearie), It don’t mean a thing (Duke Ellington)… Et bien d’autres !

Ce livre CD porte bien son nom : Happy Jazz. Il propose un assortiment de chansons de qualité, qui sortent des standards archi connus qu’on s’est un peu lassés d’entendre, tout en étant signés par des artistes reconnus. Les musiques sont entraînantes et donnent envie de se trémousser. C’est le propre de cette musique (du diable !) que de donner envie de danser. Notre corps s’anime sans que notre cerveau lui en donne l’ordre. On ne peut pas résister… Les morceaux sont ici judicieusement choisis !

Comme toujours chez Didier jeunesse, l’objet livre qui accompagne le CD est soigné. Il ne propose pas cette fois-ci les textes des chansons mais des petites anecdotes basées sur chacune d’entre elles. De bien poétiques souvenirs d’enfances s’égrènent… accompagnés de belles illustrations.

Happy jazz est un bien bel objet qui fera entrer la joie dans les foyers !

La beauté des jours

Standard

beaute des joursDe Claudie Gallay
Paru chez Actes sud

Jeanne mène une vie rythmée par la douceur de l’habitude. Elle était jeune quand elle a épousé Rémy, ils ont eu des jumelles, sont heureux ensemble et font des projets raisonnables. Mais Jeanne aime aussi le hasard, les surprises de l’inattendu. L’année du bac, un professeur lui avait fait découvrir l’artiste serbe Marina Abramovic. Fascinée par cette femme qui engage son existence dans son travail, Jeanne a toujours gardé une photographie de sa célèbre performance de Naples : comme un porte-bonheur, la promesse qu’il est possible de risquer une part de soi pour vivre autrement. Quand Jeanne s’amuse à suivre tel ou tel inconnu dans la rue ou quand elle calcule le nombre de bougies soufflées depuis son premier anniversaire, c’est à cet esprit audacieux qu’elle pense. Surtout cet été-là. Peut-être parce que, les filles étant parties, la maison paraît vide ? Ou parce que sa meilleure amie, qui s’est fait plaquer, lui rappelle que rien ne dure ? Ou parce qu’elle recroise un homme qu’elle a aimé, adolescente ? Jeanne se révèle plus que jamais songeuse et fantasque, prête à laisser les courants d’air bousculer la quiétude des jours.

Un rythme très lent, comme pour coller à la vie routinière de Jeanne, avec des grains de sable, de plus en plus présents. Des petits riens qui marquent un début de changement. Des questionnements, des tiraillements. Le lecteur assiste à un bouleversement, sans savoir quelle en sera la portée et navigue à vue entre les non-dits qui en disent parfois plus long que des mots. Jeanne finira t-elle par sortir du carcan de la routine et achever la transformation de la chrysalide ? Ou bien choisira t-elle de conserver telle quelle une vie qui ne lui déplaît pas tant que ça ?

J’ai trouvé cette lecture belle et touchante. Jeanne l’introvertie a su m’émouvoir.