Monthly Archives: April 2023

Sauveur & fils, saison 7

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De Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

En trois ans, bien des choses se sont passées au 12, rue des Murlins. Le Covid a semé la pagaille et Sauveur s’est pris de plein fouet une vague de troubles psy générés par la pandémie. Il est débordé alors qu’il devrait s’occuper davantage de Léo, sa fille de dix-huit mois, mieux épauler sa femme, voir ce qui cloche chez Paul, faire la demande d’adoption du petit Grégoire, rendre visite à Koslo toujours plongé dans le coma depuis trois ans.
Et s’il veut enfin dormir, il devrait arrêter de boire autant de café pour se mettre à la chicorée. Car il est fatigué, très fatigué, tout comme ses patient·e·s.
Ariane Peugeot, jeune prof de SVT, est à deux doigts de démissionner, mais s’inquiète pour sa classe de CP, les Causes Perdues, ces élèves de la 4ème poubelle de son collège. Alma Labatut, conseillère pénitentiaire, a elle aussi envie de jeter l’éponge et de lâcher son groupe de parole d’hommes violents. Des CP, eux aussi ? Mais les causes perdues ne sont jamais désespérées. A condition d’y croire. Et Sauveur y croit.

Après une longue interruption, voici la saison 7 de Sauveur & fils. Les précédents tomes s’étaient plutôt bien enchaînés, il semblait donc probable que l’aventure en resterait  là. Mais fort heureusement, ce n’est pas le cas et quel bonheur de retrouver le si charismatique Sauveur, sa famille et ses patients. Il faut en effet avouer que tout est passionnant, dans ce roman, autant le côté rue, avec l’activité de psy de Sauveur, que le côté jardin, avec sa vie perso.
Les premières craintes quant à une baisse de niveau éventuelles sont vite balayées et le lecteur replonge aussi sec dans cette sympathique ambiance, avec l’impression de retrouver des vieux copains. Le rythme est dynamique malgré un lapse de temps court (trop court, indubitablement) et le côté “tranche de vie”.
Sauveur & fils continue de fonctionner du tonnerre et se positionne à la pointe de l’actualité, avec une évocation des confinements et de l’impact de la covid sur nos vies. Toujours avec justesse, sans stigmatiser. C’est une saga plaisante à lire et qui fait du bien au moral.  Un vrai doudou !

Tout près de toi

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De Mark Janssen
Paru chez Kaléidoscope

« Chaque fois que tu te sentiras triste de ne plus me voir, je serai là. Tout près. » Depuis que sa grand-mère est partie, Babou la cherche désespérément. Qu’a-t-elle bien pu vouloir lui dire ?

Très bel album sur le thème du deuil.
L’histoire s’appuie sur de grandes illustrations en noir et blanc, qui reflètent bien la détresse de Babou face au décès de sa grand-mère. Et pourtant elles n’ont rien de triste. Elles fourmillent de détails, embarquant le lecteur dans le monde intérieur et les ressentis du personnage. Un décor extraordinaire qui apporte poésie, sensibilité et beaucoup de sérénité.
Le texte, tout en pudeur et en retenue, est quant à lui très touchant. On accompagne Babou dans le cheminement de son deuil, avec une histoire sans artifices, qui va à l’essentiel, en douceur.
Mark Janssen est assurément un auteur illustrateur à suivre. Merci pour cette superbe pépite !

Mémoires de la forêt, tome 2 – Les carnets de Cornélius Renard

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De Mickaël Brun-Arnaud
Illustré par Sanoé
Paru chez l’Ecole des loisirs

Les festivités d’automne débuteront bientôt à Bellécorce. La forêt prend des airs de fête et tout le monde s’y prépare. Mais, chez Archibald Renard, arrive soudain un visiteur qui risque bien de gâcher les réjouissances : Célestin Loup prétend, documents à l’appui, être le véritable propriétaire de la librairie, qui aurait appartenu à son grand-père.
Expulsé de ce lieu qui est toute sa vie, Archibald doit faire la vérité sur cette histoire. Accompagné de son neveu Bartholomé, il part en quête des carnets que son propre grand-père, Cornélius, désormais incapable de s’exprimer par lui-même, a confié à une mystérieuse société secrète. Et celle-ci semble déterminée à s’assurer que le renard est digne des souvenirs de son ancêtre…

Quelle joie de retrouver Archibald et sa librairie dans cette ambiance toute douce. Malheureusement, le drame survient prestement en la personne de Célestin Loup. Cela donnera lieu à une quête (sur le même modèle que le tome 1), où Archibald mène l’enquête pour retracer le passé de son aïeul Cornélius au gré de ses rencontres. Si nous recroisons certains personnages avec plaisir en clin d’œil à la première aventure, nous en rencontrons également des nouveaux, notamment Bartholomé, qui restera certainement un personnage de premier plan dans les tomes à venir. Pour autant, les deux tomes peuvent se lire séparément. Une nouvelle fois, le thème principal est difficile (deuil, transmission, trahison, secrets de famille) mais la tendresse de l’auteur pour ses personnages et la douceur de l’ensemble rendent la lecture agréable. Le ton est juste, le propos plein de sensibilité et de délicatesse… L’intrigue est quant à elle d’une complexité plus abordable que celle du premier tome, donc mieux adaptée au lectorat cible. C’est une bonne chose. Comme je suis un poil plus âgée que le lectorat cible en question, j’ai en revanche trouvé ce tome en-dessous du premier qui avait été un coup de cœur : l’intrigue plus simple (qui présente quelques facilités) conserve le même schéma et m’a en comparaison moins emportée. Par ailleurs les thèmes et sous-thèmes abordés peuvent avoir du mal à toucher les plus jeunes lecteurs, tout en séduisant en revanche les plus “grands”. J’espère retrouver l’élan initial tant apprécié dans le tome 1 dans la prochaine aventure à venir… Le mot de la fin revient aux illustrations, toujours aussi réussies et en harmonie, voire en prolongement, du texte.