Monthly Archives: June 2021

Komodo

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De David Vann
Paru chez Gallmeister

Sur l’invitation de son frère aîné Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Pour elle, délaissée par son mari et épuisée par leurs jeunes jumeaux, ce voyage exotique laisse espérer des vacances paradisiaques : une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais, très vite, la tension monte et Tracy perd pied, submergée par une vague de souvenirs, de rancoeurs et de reproches. Dès lors, un duel s’engage entre eux, et chaque nouvelle immersion dans un monde sous-marin fascinant entraîne une descente de plus en plus violente à l’intérieur d’elle-même, jusqu’à atteindre un point de non-retour.

Wow ! David Vann va toujours à la limite du supportable (voire au-delà). Il nous offre avec ce nouveau roman, un récit très intense. Cette fois encore on a une dimension psychologique très marquée, avec des personnages paumés, des rancœurs familiales tenaces, des actes extrêmes… et finalement des propos qui sonnent tellement justes pour “justifier” l’injustifiable.

L’auteur explore avec sensibilité les relations familiales (toxiques), l’un de ses terrains de prédilection… et il le fait tellement bien, donnant corps aux frustrations, exprimant les non-dits et mettant le lecteur face au mur.

Le parallèle entre le cadre paradisiaque, les plongées sous-marines magnifiques décrites avec force détails et les conflits familiaux est frappant. On ressent d’autant plus l’oppression et la tension en alternant les plongées et la vie terrestre. Tout est savamment dosé, jusqu’au final qui laisse pantois.

David Copperfield, abrégé

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De Charles Dickens
Traduction Charlotte et Marie-Louise Pressoir
Texte abrégé de Marie-Hélène Sabard
Paru chez l’Ecole des loisirs

La vie de David Copperfield se déroule sans histoire jusqu’au jour où sa mère se remarie à un homme dur et fourbe.
Maltraité par son beau-père, envoyé en pension, David commence une lente descente aux enfers. Bientôt, il lui faut travailler pour survivre. Dès lors, il n’a plus qu’une idée en tête : s’enfuir et retrouver le bonheur perdu.

En général ces abrégés de l’école des loisirs sont bien faits mais j’aime me faire une idée par moi-même, d’où l’enchaînement des deux lectures, d’abord en version classique, puis en version abrégée. David Copperfield est un classique qui se laisse bien apprivoiser et dont la lecture est agréable. Si la trame reste bien évidemment la même, la version abrégée est un tout autre livre, puisqu’au terme d’un régime des plus draconiens, il se trouve réduit au tiers de son volume initial. Les coupes sont franches et les passages “digressifs” (dans un classique, les digressions peuvent être nombreuses ! Je pense pouvoir affirmer que David Copperfield fait justement partie de ces classiques-là…) supprimés. Le travail ne s’est pas arrêté là et le texte restant a été remodelé pour former un nouveau tout. Ce dernier travail a été fait dans le respect du style de Dickens, de sorte que l’ambiance ainsi que la patte de l’auteur n’en souffrent pas. Une version courte qui tient totalement la route et permettra aux plus pressés de s’approprier cette lecture assez facilement. Contrat tenu, donc, pour cet abrégé qui met effectivement cette grande œuvre à la portée de tous et notamment des plus jeunes, sur lesquels les tours et détours du texte original pèseraient sans aucun doute à la longue et que la lecture pourrait par conséquent rebuter. Pour ma part, j’aurais volontiers élagué un petit peu moins… Les puristes (et les courageux) passeront bien sûr leur chemin et préfèreront la version originale du texte.

Magic Charly tome 1 L’apprenti

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D’Audrey Alwett
Paru chez Gallimard jeunesse

Charly Vernier découvre que sa grand-mère était magicienne. Mais un mystérieux voleur de mémoire, le Cavalier, l’a dépouillée de ses souvenirs et cherche à s’emparer de la source ultime de la magie. Pour la sauver, Charly, aidé par Maître Lin et par son amie Sapotille, n’a d’autre choix que de devenir apprenti magicien.

Voilà un texte frais et enlevé, avec de sympathiques traits d’humour, qui se lit vite et bien. Les personnages sont très attachants et l’univers intéressant et plein de mystère se dévoile peu à peu. Le rythme s’accélère sur la fin.

Malgré quelques petites faiblesses et facilités, ce roman n’en reste pas moins une lecture très agréable. L’univers est sympa, les personnages sont vraiment chouettes, notamment Charly qui a de belles valeurs, ce qui est toujours appréciable pour un personnage principal, qui plus est en jeunesse.
Même si ce premier tome se pose en tome introductif, il n’en est pas moins prometteur pour la suite, laissant augurer une belle petite série pour les jeunes lecteurs.
A suivre !

La fleur perdue du chaman de K

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De Davide Morosinotto
Paru chez l’Ecole des loisirs

Pérou, 1986. Être admise dans une clinique neurologique ne faisait pas vraiment partie des projets de Laila… Mais si ses symptômes ne s’étaient pas manifestés, jamais Laila n’aurait rencontré El Rato. Et jamais ils n’auraient découvert un étrange journal, écrit en 1941 par un certain Dr Clarke, dans lequel le dessin d’une fleur allait changer le cours de leur existence. Utilisée par les chamans de la tribu de K., la Fleur Perdue aurait un grand pouvoir de guérison (encore faut-il la dénicher). Lorsque le diagnostic tombe pour Laila, et que l’espoir ne semble plus permis, les deux amis décident de tenter le tout pour le tout : trouver la fleur et ainsi guérir Laila. Mais pour cela, un long voyage des Andes à la forêt amazonienne les attend, un long voyage semé d’embûches…

Cette fois, Davide Morosinotto nous entraîne dans un road-movie au Pérou et confirme qu’il est l’un des meilleurs romanciers d’aventure jeunesse du moment !

Si l’on pense que le rythme sera plan-plan du fait du contexte (la maladie et l’hôpital), autant dire qu’on est loin du compte puisque Laila et El Rato vont s’enfuir de l’hôpital pour un périple incroyable plein de rebondissements, de surprises, et surtout de rencontres. Des très belles rencontres qui changeront la vie des uns et des autres car il suffit parfois d’un rien pour que tout change.
Ce roman est également un concentré d’émotions. Ici on a peur, on rit, on fait confiance, on espère… On vit, quoi ! Et c’est finalement le fil conducteur de cette histoire où le périple lui-même est plus important que son résultat. Finalement, c’est un peu une quête initiatique où chaque protagoniste, qui prend la parole tour à tour, se livre et avance… tout ayant le dynamisme d’un roman d’aventure.
C’est une lecture dépaysante, d’abord du fait qu’elle se situe au Pérou et ensuite parce qu’elle se passe dans les années 80. L’originalité est également au rendez-vous avec une présentation tout sauf conventionnelle : parties floutées, noircies, phrases formant un dessin au trait. On tourne le livre dans tous les sens, c’est parfois amusant, d’autres fois saisissant, beau et prenant. Cela contribue à mettre le lecteur dans l’ambiance. Il ne s’agit pas d’un petit plus mais d’un réel prolongement du récit, dans lequel ces parties graphiques s’intègrent parfaitement et qui prend vie sous nos yeux.

Un dépaysement, du mystère, une Grande Aventure, des émotions, une ribambelle de personnages super attachants… voilà un cocktail qui annonce un bon livre.