Monthly Archives: August 2023

La princesse au visage de nuit

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De David Bry
Paru aux Editions de l’Homme sans nom

Dans les bois vit la princesse au visage de nuit ; ses yeux sont des étoiles et ses cheveux l’obscur. Hugo, enfant violenté par ses parents, s’est enfui avec ses amis dans la forêt, à la recherche de la princesse au visage de nuit, qui exaucerait les vœux des enfants malheureux… Il est ressorti du bois seul et sans souvenirs, et a été placé dans une famille d’accueil.
Vingt ans plus tard, alors qu’il a tout fait pour oublier son enfance, Hugo apprend la mort de ses parents. Mais, de retour dans le village de son enfance, il découvre que ses parents auraient été assassinés, et d’étranges événements se produisent. La petite voiture de son enfance réapparaît comme par magie. De mystérieuses lueurs brillent dans les bois. Les orages soufflent des prénoms dans le vent.

Avec un tel résumé, ce roman avait tout pour m’attirer et cela n’a pas loupé. Telle une mouche avisant une cuillère de confiture, j’ai foncé, d’autant plus que David Bry est un auteur que j’avais apprécié (notamment avec Que passe l’hiver, moins pour Le chant des géants), ne serait-ce que parce qu’il est expert plus plus en installation d’ambiance. Et il sait choisir ses ambiances : mystérieuses, intrigantes, voire angoissantes, tout ce que j’aime.
La princesse au visage de nuit est un roman plutôt ancré dans le réel, avec une touche de fantastique. Partant sur une base de vieilles légendes, de drame ancien, de secrets de village voire de famille, il navigue entre passé et présent pour mieux perdre le lecteur et tout mêler.
Pour autant, le potentiel fantastique a été ici globalement sous-exploité à mon goût. C’est dommage, mais cela reste du coup un petit peu poussif et le dénouement est hélas trop rapide. Cela aurait pu être une lecture dingue, elle fut simplement plaisante.
Un bon moment de lecture à la frontière du thriller, du contemporain et du fantastique, avec un texte rythmé et plein de suspense.

Griffes

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De Malika Ferdjoukh
Paru chez l’Ecole des loisirs

Morgan’s Moore, au nord de l’Angleterre. Ses villageois, ses notables, son unique auberge et ses crimes épouvantables… Un crime non élucidé reste à ce point mystérieux que Scotland Yard a dépêché sur place le superintendant Tanyblwch et son jeune adjoint, Pitchum Daybright, tout juste diplômé de la Royal School of Studies in Criminology. Ce dernier voit d’un mauvais oeil les interventions de Flannery, la fille des aubergistes, qui est convaincue de pouvoir les aider dans leur enquête. Non seulement, Miss-Je-sais-Tout-sur-Tout a la langue bien pendue, mais elle a le chic pour lui faire monter le rouge aux joues. Il faut dire que la demoiselle est une peste fort charmante…

Une fois la superbe couverture de François Roca soulevée, le récit entraîne le lecteur dans une enquête haletante à l’ancienne

Ce sympathique cosy mystery pour la jeunesse propose une ambiance so british épatante avec une enquête bien menée, autant du côté de Scotland Yard avec des inspecteurs extrêmement sympathiques, que du côté des néophytes, avec une héroïne enquêtrice en herbe extraordinaire. Ce dernier personnage contribue énormément au succès de ce roman, de mon point de vue.

Il en résulte un récit pétillant, dynamique et drôle, sans temps morts, suffisamment long et travaillé pour que l’enquête ait du sens.
Une lecture rocambolesque et pleine de surprises, qui tient ses promesses jusqu’au bout… tout comme l’autrice dont la plume promet chaque fois une belle aventure.

Clara lit Proust

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De Stéphane Carlier
Paru chez Gallimard

Proust. Avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes – Capri, Saint-Pétersbourg… – où il était entendu qu’elle ne mettrait jamais les pieds”. Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Son quotidien, c’est une patronne mélancolique, un copain beau comme un prince de Disney, un chat qui ne se laisse pas caresser. Le temps passe au rythme des histoires du salon et des tubes diffusés par Nostalgie, jusqu’au jour où Clara rencontre l’homme qui va changer sa vie : Marcel Proust.

Un roman charmant tout en douceur et en délicatesse, qui nous entraîne dans une petite tranche de vie de Clara. « Petite » tranche de vie, mais décisive, car sa rencontre impromptue avec Proust sera un déclencheur, l’incitant à sortir du train-train et de la monotonie.

L’auteur met l’accent sur la magie de la lecture et le poids de certains mots/phrases, qui peuvent résonner parfois au plus profond du lecteur. Ceci est totalement vrai, nous, les lecteurs assidus, l’expérimentons de temps en temps. Pour autant, c’était tout de même un peu gonflé de choisir Proust, alias l’auteur qui « fait peur », pour faire passer le message que la littérature s’adresse à tous. Et pourtant cela fonctionne. On sent une vraie passion de l’auteur pour cet écrivain et son œuvre et cela donne une sincérité incroyable au récit. A tel point, qu’il en devient très convaincant et a peut-être incité de nombreux lecteurs à lire ou relire Proust…

Que vous maîtrisiez ou non les œuvres de cet auteur classique, ne vous privez pas de cette petite aventure toute simple au ton frais et positif, c’est un plaisir.

Les spectaculaires font leur cirque chez Jules Verne (T6)

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De Régis Hautière et Arnaud Poitevin
Paru chez Rue de Sèvres

Les Spectaculaires sont en pleine remise en question : les finances du cabaret des ombres sont au plus mal, et leurs aventures de justiciers masqués ont fait passer leur carrière artistique au second plan. Pour leur prochain spectacle, ils n’ont donc pas le droit à l’erreur ! Alors en pleine recherche d’une ville de province pour pouvoir le tester avant de le jouer face au terrible public parisien, ils sont interrompus par un professeur Pipolet tout à fait bouleversé : son ami Jules Verne lui a écrit et lui demande le rejoindre au plus vite à Amiens. Seul problème : l’écrivain est déjà décédé il y a plus de six ans… Pour les Spectaculaires, plus aucun doute sur la ville qui accueillera les préparatifs de leur spectacle… et leurs prochaines aventures !

Un nouveau tome pour cette série BD de qualité.
Fidèles à eux-mêmes, nos artistes ne brillent ni par leur prestance de comédien, ni par leurs talents de détectives, sauf Pétronille bien sûr. Fidèle à lui-même également, le professeur Pipolet a une mémoire inférieure à celle d’un poisson rouge. Ses inventions farfelues et très approximatives sont au cœur de cette nouvelle aventure…
Le rythme est une fois encore soutenu. L’intrigue est courte mais efficace, avec de nombreux rebondissements appréciables et suffisamment de suspense. Le choix de mêler Jules Verne et les machines de ses livres à cette aventure est très pertinent.
Glaçage sur le gâteau : l’humour est toujours très présent. Un régal !
Enfin, l’ambiance Belle époque est toujours aussi réussie, que ce soit du point de vue du texte que des illustrations.
Un tome qui fait encore une fois mouche, pour une lecture fraîche et pétillante, avec des personnages tellement sympathiques…