Monthly Archives: January 2020

Tout quitter

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Tout quitterd’Anaïs Vanel
Paru chez Flammarion

« Un jour, j’ai acheté un Berlingo. J’ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie. J’ai pris la route comme ça. Après ma journée de boulot, comme on part en week-end. J’ai avalé les kilomètres, en écoutant King of the Road, de Roger Miller. Et enfin. Les pins. Les dunes. Les embruns. L’appartement. J’ai éventré les cartons. Trouvé mon maillot de bain. Et je suis allée me jeter dans les vagues. »
Au rythme des saisons et des vagues de la Sud, la grande plage près de laquelle elle vient de s’installer, Anaïs retrouve les souvenirs qui habitent en elle. Devant l’étonnante simplicité des choses, tout quitter signifie la réconciliation avec soi.

Un roman court, autobiographique sur le lâcher prise, la prise de conscience de soi et l’écoute de soi. Les paroles ont ici plus de poids puisqu’on les sait vraies. Anaïs Vanel, raconte sa mue de papillon, sa fuite de Paris comme un sauvetage et sa nouvelle vie. Elle raconte cela tout simplement, sans fioritures, tel quel.

Le texte ciselé est économe de mots mais en dit beaucoup. Il incite à la réflexion. Certaines phrases font mouches, d’autres laissent dubitatif. Ces réflexions titillent forcément le lecteur car ce mal-être est celui de notre époque. Un mal-être qui ronge jeunes et moins jeunes, une impression de passer sous un rouleau compresseur, de courir tout le temps. Difficile de suivre le rythme. Pour autant, il faut manger, il faut nourrir ses enfants aussi… Alors comment est-ce possible de tout concilier ? J’ai pour ma part fait le choix d’un métier passion, un métier qui ne nourrit pas très bien, justement. Je mesure donc l’écart entre l’utopie et la réalité. Parfois il s’agit d’un grand écart, parfois elles se touchent presque. Il faut trouver un équilibre… et comme ce texte lumineux le transmet si bien, il faut surtout se respecter et enlever nos œillères. Ce n’est pas facile, certes, car cela va un peu à l’encontre du mode de fonctionnement de notre société actuelle mais tout se mérite !

Elyssa

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ElyssaD’Eric Senabre
Paru chez Didier jeunesse

Un haut dignitaire romain est assassiné sous les yeux de son épouse, Elyssa. Accablée de chagrin, celle-ci accepte de reprendre la mission du défunt et embarque pour Carthage. C’est le début d’une aventure à haut risque pour la jeune femme, qui doit déjouer un complot contre Rome, et qui rêve secrètement de venger la mort de son époux.

J’aime beaucoup le style d’Eric Senabre. Ses romans sont toujours bien écrits, avec une intrigue intéressante et synonymes d’un bon moment de lecture en perspective.

Celui-ci ne fait pas exception. Ici le langage est plutôt soutenu, car le narrateur est un érudit. Peut-être concernera t-il donc en priorité des lecteurs plus aguerris, même si les autres peuvent tout à fait se laisser entraîner également dans cette palpitante aventure d’espionnage sur fond de complots et de stratégies politiques entre Rome et Carthage. Tout les ingrédients pour en faire un roman excellent sont réunis : une belle (et intelligente) jeune femme, des vilains de chaque côté, quelques hommes d’honneur, du suspense, une intrigue très palpitante, une incursion dépaysante dans l’Antiquité romaine, etc…

J’ai un peu traîné pour le lire puisqu’il est sorti il y a un petit moment déjà mais cela aurait été dommage de passer à côté. Ce sera mon troisième coup de coeur lecture de début d’année. 2020 commence en beauté !

L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges

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Leblouissante lumiereDavide Morosinotto
Paru chez l’Ecole des loisirs

1941. Hitler décide d’envahir l’Union soviétique. Les chars allemands progressent sur l’immense territoire russe vers le Nord en direction de Leningrad. Dans la précipitation, avant que la ville ne soit encerclée, on organise l’évacuation en train de milliers d’enfants. Viktor et Nadia sont parmi eux. Mais, pour la première fois de leur vie, les voilà séparés. Viktor est envoyé dans un kolkhoze à Kazan, pendant que Nadia se retrouve bloquée à proximité du front des combats. Désormais, Viktor n’a plus qu’une idée en tête : traverser le pays dévasté par la guerre, les bombardements et la faim, pour retrouver sa sœur. Et pour cela il doit être prêt à tout. Car dans un pays en guerre, nécessité fait loi.

Davide Morosinotto m’avait déjà bluffée avec Le célèbre catalogue Walker & Dawn et le voilà qui recommence avec ce nouveau roman ! Si j’ai eu quelques doutes au départ liés à la présentation en “carnets” (je ne suis pas friande de romans épistolaires ni de journaux intimes…), ils ont vite été balayés.
Une fois encore, c’est tellement documenté et bien écrit qu’on a l’impression de lire une histoire vraie. J’aime beaucoup la façon qu’a l’auteur de “raconter” et je peux dire sans hésiter après cette seconde lecture qu’il fait définitivement partie des auteurs à suivre.

L’intrigue est palpitante, passionnante, instructive et ponctuée de traits d’humour. Il n’existe pas énormément de récits de ce point de vue, abordant la Seconde Guerre mondiale du côté russe, pendant le siège de Leningrad. Cela permet de renouveler le thème et de donner un autre éclairage sur ce conflit. Nos apprentissages scolaires nous ont en effet donné de bonnes bases sur le sujet, mais toujours vu du bout de notre lorgnette européenne.

Le roman est assez gros mais se lit rapidement, sans effort. C’est un vrai plaisir.
C’est mon second coup de cœur lecture de cette année.

La passe-miroir livre 4 – La tempête des échos

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Passe-mioir4De Christelle Dabos
Paru chez Gallimard

Le monde est sens dessus dessous. L’effondrement des arches a bel et bien commencé. Une seule solution pour l’enrayer : trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans seulement savoir à quoi il ressemble ? Ophélie et Thorn se lancent ensemble sur la piste des échos, ces étranges phénomènes qui semblent la clef de toutes les énigmes. Ils devront explorer plus en profondeur les coulisses de Babel ainsi que leur propre mémoire. Et pendant ce temps, sur Arc-en-Terre, Dieu pourrait bien obtenir le pouvoir qu’il convoite tant. De lui ou de l’Autre, qui représente la plus grande menace ?

Et voilà le dernier de cette saga. Une saga en quatre tomes qui aura pris son temps avec un rythme de parution assez lent. Du coup, j’ai cette fois décidé de la relire dans sa totalité pour mieux profiter de ce dernier tome et d’avoir tous les détails bien en tête.

Cette quatrième aventure est une belle conclusion dynamique : pas de raccourcis pour terminer à tout prix, les surprises et rebondissements sont présents jusqu’au bout, le rythme est soutenu, l’intrigue palpitante. Ce tome étant la suite directe du précédent, c’est assez plaisant de les enchaîner, pour une belle et longue lecture (comme je les aime !). Une fois de plus, j’ai plongé avec grand plaisir dans cet univers et je me suis franchement régalée.

La saga de la passe-miroir est un coup de cœur pour moi : c’est de la belle fantasy, très originale, avec un vrai univers digne d’intérêt créé de toutes pièces. Une saga qui dépoussière définitivement le genre et qui restera certainement une référence. L’intrigue est très bien maîtrisée, jusqu’au bout, avec une belle densité et des sous-intrigues dans l’intrigue principale. Les personnages sont superbement imparfaits et attachants.
Une lecture 100% plaisir…

Bravo ! Cette saga mérite sans aucun doute l’engouement qu’elle suscite.

La cavale

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CavaleD’Ulf Stark et Kitty Crowther
Paru chez l’Ecole des loisirs

Cette fois-là, j’étais venu absolument tout seul à l’hôpital pour rendre visite à Grand-père. Papa n’avait pas envie de venir souvent. Parce que Grand-père était compliqué. « Ici, je suis en cage, comme un animal ! » rugissait-il.J’ai toujours aimé ça quand Grand-père se mettait en colère. Ça rendait la vie plus passionnante. « On ne pourrait pas sortir Grand-père de là ? » ai-je pensé. C’est comme ça que Gottfrid, aidé de Ronny le boulanger-mécanicien, organise un voyage rocambolesque jusqu’à la maison de la falaise pour retrouver la merveilleuse confiture d’airelles de Grand-mère. Ensemble, ils prennent le large pour cette dernière aventure.

Un petit livre qui, l’air de rien, délivre un message positif et émouvant. Il peut parfois dérouter car le mode de vie à la suédoise est différent du nôtre, mais cela apporte un peu d’exotisme à cette lecture finalement plutôt universelle sur le fond.
Je tiens par ailleurs à souligner le travail effectué par l’éditeur sur la qualité du livre : la couverture en carton très épais, avec une finition toilée, le petit ruban marque-pages et la superbe illustration de couverture donnent à ce livre un look vintage très élégant (qui donne très envie d’ouvrir le livre et de se lancer dans la lecture !)

Le texte aborde quant à lui le thème délicat de la fin de vie avec une grande tendresse et une sensibilité tout en retenue. Je l’ai trouvé très “vrai” et ai, pour ma part, été touchée par cette histoire.