Marie Chartres
Paru chez L’Ecole des loisirs
En tant qu’Amish, Saul et Rachel ont un avenir tout tracé. Leur rumspringa, cette parenthèse hors de la communauté, leur permet de découvrir le monde moderne pour le rejeter en toute connaissance de cause. De son côté, Temple doit quitter son cocon pour rejoindre sa soeur à Chicago, mais elle est paralysée par la peur.
Soyons clairs, ce n’est pas un roman à suspense ni trépidant et pourtant, quelle intensité ! On visite une grande ville, Chicago, mais avec les yeux de trois jeunes gens un peu particuliers. L’autrice a choisi d’alterner les points de vue et on passe de l’un à l’autre. Trois voix intérieures de personnes qui s’étonnent, qui s’interrogent, qui se cherchent, qui se perdent aussi parfois face à l’inconnu.
Pour Saul et Rachel, cette rumpsringa est l’occasion de découvrir le monde, de faire des expériences, afin de confirmer leur choix de rester dans leur communauté Amish. Pour Temple, il s’agit de dépasser ses peurs et d’affronter le monde et l’inconnu. Perdus dans Chicago, leur rencontre et ces deux journées passées ensemble bouleverseront durablement leur vie et leurs envies.
Ce texte tellement lumineux est une ode à la liberté, celle de faire ses propres choix et celle d’exister, mais aussi celle de pouvoir passer outre à la pression (bien ou malveillante) que peuvent exercer des proches et la société dans son ensemble. C’est un récit qui fait du bien car il est empreint de bienveillance. Pas du feel-good mièvre, mais une réelle bienveillance qui fait du bien, comme un rayon de soleil sur la peau.
Le récit, dont les grandes lignes sont pourtant annoncées, parvient à surprendre. On ne s’attend pas à y trouver cette poésie, cette délicatesse et je reconnais bien là la plume sensible de Marie Chartres… Elle parvient à concilier dynamisme et douceur dans cette intrigue qui est tout sauf plate alors qu’en fin de compte il ne s’y passe pas énormément de choses en soi.
Le seul bémol ira à la fin, un peu abrupte et précipitée, un peu amère aussi, pas tout à fait dans le ton. Mais il ne tient qu’à nous d’imaginer la suite de la suite comme nous le souhaitons !
En ce qui me concerne, cette lecture est un gros coup de cœur.