Monthly Archives: May 2020

La forme de l’eau

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La forme deGuillermo del Toro et Daniel Kraus
Paru chez Bragelonne

Nous sommes en 1963, et Elisa Esposito survit tant bien que mal. Née muette, abandonnée par sa famille, elle travaille de nuit comme femme de ménage au Centre Occam de recherche aérospatiale.
Un soir, elle surprend quelque chose qu’elle n’était pas censée voir : un homme amphibie prisonnier d’une cuve, qui doit être étudié par les scientifiques pour faire avancer la course à l’espace de la Guerre Froide. La créature est terrifiante, mais aussi magnifique – elle fascine Elisa. Utilisant la langue des signes, celle-ci établit une communication. Bientôt, la créature devient sa seule raison de vivre.

 Je me demandais si le roman avait précédé le film ou bien avait été écrit ensuite. Il semblerait que ce soit la seconde option. Je m’en doutais car il est écrit avec des scènes très visuelles et un rythme soutenu qu’imposerait le grand écran.

Je ne peux juger pour le film, mais le roman a des qualités et des défauts.

Tout d’abord, le premier quart a été très laborieux pour moi du fait d’un style de narration pas agréable pour deux sous. Ensuite l’action compense, puis l’intrigue prend définitivement le dessus sur le reste sur le dernier quart. Le scénario est intéressant, ça reste une lecture sympa, d’autant que les personnages sont bien approfondis et fascinants ou intrigants.

Côté défauts, le plus important sera donc le style d’écriture, mais aussi une fin brouillonne. Les qualités du roman, notamment le scénario, compensent toutefois  les maladresses…

Sauveur & fils, saison 5

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Sauveur5De Marie-Aude Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

Alors que deux années se sont écoulées depuis le précédent volume, le lecteur replonge dans la vie de Blandine et Margaux Carré, Samuel Cahen, Lionel et Maïlys, Ella-Elliot, Frédérique Jovanovic et la famille recomposée de Sauveur. Louane se réconforte grâce à ses animaux et Madame Tapin découvre le féminisme à 81 ans.

Mais quelle surprise. Tout le monde pensait cette saga clôturée après le tome 4 !
La joie de retrouver Sauveur, sa tribu et ses satellites n’en est pas moins vive. C’est un peu comme retrouver des bons copains.
Rien de révolutionnaire dans ce nouveau tome, mais ce n’est pas l’esprit de cette saga. Pour autant, les retrouvailles sont très agréables et on plonge immédiatement de nouveau dans cet univers. Toujours aussi juste, toujours aussi drôle, toujours aussi sensible… le tome 5 est une réussite malgré une couverture kitchissime !

Violette Hurlevent et le jardin sauvage

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Violette HurleventDe Paul Martin et JP Bourgois
Paru chez Sarbacane

Le jour où Violette Hurlevent doit fuir la maison de sa mère, elle pénètre dans le Jardin sauvage, un lieu dont personne ne connaît l’origine. Elle découvre un univers immense, caché aux autres humains et peuplés d’êtres aux coutumes étranges, où les loups parlent et les pierres s’animent. Mais l’endroit recèle également de nombreux périls que la fillette affronte avec son chien Pavel.

Un roman hybride mi-BD mi-roman assez gros mais qui se lit vite. Le récit est très original, malgré le thème du monde imaginaire, et entraînant. Les péripéties s’enchaînent à un rythme soutenu. Le danger est bien présent, on est sur quelque chose de sérieux ! Un vrai roman d’aventure palpitant. L’univers est suffisamment riche pour être intéressant. Ce jardin sauvage, qui porte bien son nom, est un endroit extraordinaire et passionnant.
La jeune Violette est quant à elle courageuse et persévérante. Des valeurs telles que le courage et la loyauté sont essentielles pour mener sa mission à bien, là où sa prédécesseure a échoué. L’échec est donc une éventualité et cela fait du bien à lire puisque c’est aussi le cas dans la vraie vie ! Cela donne encore plus de corps à l’histoire.
On est ici également sur une forme de récit initiatique. Violette va évoluer, devoir vaincre ses peurs pour avancer, faire des choix. Elle en apprendra également plus sur sa famille.

Je sors de cette lecture mitigée : je ne suis pas arrivée à m’attacher à l’héroïne avant la dernière partie. Du coup je n’ai pas été transportée malgré un récit dynamique et original. Heureusement, l’aventure devient plus palpitante après le premier quart et le lien entre la réalité et l’imaginaire devient plus concret sur le dernier tiers, parallèle qui a su me séduire.
J’en avais entendu énormément de bien, peut-être trop, du coup je suis tout de même un peu déçue par cette lecture… C’est malgré tout un livre qui mérite d’être lu et qui ne s’oublie ensuite pas facilement.

Tenir debout dans la nuit

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Tenir deboutd’Eric Pessan
Paru chez l’Ecole des loisirs

New York, Lalie n’y est jamais allée. Elle n’a même jamais osé en rêver. C’est trop beau, trop loin, trop cher. Alors, quand Piotr lui propose de l’y accompagner, elle est prête à tout pour saisir cette chance. A tout ? Non. Car il y a des choses qu’on ne peut accepter. Des contreparties qu’on ne peut pas donner. Et maintenant la voici dans les rues de Brooklyn, face aux regards de travers et aux mille dangers de la nuit, avec une seule obsession : rester éveillée. Résister. Tenir debout.

Ce roman est court mais intense. Le lecteur y chemine une nuit durant avec Lalie, paumée dans la grande New-York, sans papiers, sans argent, sans téléphone. Lalie qui réfléchit, qui tremble, mais qui avance et reste debout.
Eric Pessan surfe sur la vague Me too avec la grande sensibilité qu’on lui connaît. Même s’il s’enlise un peu par moments et en fait trop (le monde du dehors n’est pas exclusivement hostile pour les filles tout de même), l’ensemble est très convaincant. Les émotions de Lalie se bousculent et sont parfaitement transcrites par l’auteur. Cette nuit debout fait un peu office de passage initiatique. Lalie fait l’expérience de la trahison et réfléchit à ce qui peut être accepté ou non, ce qui peut/doit être dit ou non, aboutissant à une prise de décision qui est la sienne propre.
J’ai apprécié cette lecture. Je ne sais pas si les ados l’apprécieront de même car c’est l’âge de tous les possibles, de toutes les folies, de toutes les émotions excessives, des amitiés indéfectibles… L’âge où l’on supporte mal de voir ses certitudes mises à mal.