Monthly Archives: October 2021

Le château des étoiles tome 6, L’exposition interplanétaire de 1875

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d’Alex Alice
Paru chez Rue de Sèvres

Après avoir visité la Lune et Mars, Les Chevaliers de l’Ether semblent tristement cloués au sol depuis l’échec de leur tentative visant à convaincre l’Empereur Napoléon III de secourir les Martiaux. Le jeune Séraphin a été jeté en prison, et la Princesse de Mars est détenue pour être exhibée lors de l’Exposition Interplanétaire qui doit s’ouvrir à Paris, le 25 avril 1875 en présence de leurs Majestés les Empereurs de France et d’Allemagne.
Afin de pousser les dirigeants du monde à dénoncer les crimes commis par la Prusse sur Mars, nos héros vont donc devoir libérer la princesse, ou tout au moins ses fabuleux pouvoirs mentaux.
Et ainsi, au nom de la concorde entre les peuples, Hans, Sophie et Séraphin, aidés de Loïc, du capitaine Schneidig et de la journaliste Jocaste Daumier n’ont plus le choix : ils doivent braquer l’Exposition ! Mais à quel prix ?

Ce tome 6 est présenté comme le dernier, avec notamment un énoooorme bandeau indiquant “La fin du voyage”.
On y retrouve nos héros préférés, avec une intrigue qui se passe cette fois en France, bien que centrée sur l’avenir des Martiaux. Les personnages ont mûri, sans toutefois renoncer en rien à leurs idéaux et leurs convictions. C’est la grande force de l’intrigue : ici on ne renonce devant rien, jamais. Le mot “impossible” est rayé du vocabulaire. Ils échafaudent les plans les plus fous et vont jusqu’au bout, sans rien lâcher. Pour autant, l’intrigue ne se limite pas à cela. Les événements s’enchaînent, avec une belle montée en tension, un rythme très soutenu, pour une aventure palpitante et haute en couleurs, qui se paie par ailleurs le luxe de quelques touches d’humour sympathiques.
L’auteur mélange fort à propos l’Histoire, les sciences et la fantaisie pour nous offrir une aventure hors du commun et plus que prenante, avec une morale anti-impérialiste totalement assumée. Et en plus, c’est beau ! Les illustrations sont toujours aussi grandioses (et toutes douces). L’exposition interplanétaire ouvre la voie à des planches tout simplement sublimes. On sent qu’Alex Alice s’est éclaté et on en prend plein les mirettes.
Pour autant, l’aventure semble loin d’être terminée. Certes, un volet se ferme avec ce tome mais c’est pour mieux repartir vers de nouveaux horizons lointains car tout n’est pas dit et nos héros ont encore du pain sur la planche. On nous annonce d’ailleurs d’ores et déjà une autre aventure en parallèle sur Venus : “Les Chimères de Vénus” avec Alain Eyroles au scénario et Étienne Jing aux illustrations.

Contes et récits du Paris des Merveilles

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De Pierre Pevel
Paru chez Bragelonne

Bienvenue dans le Paris des Merveilles, un Paris qui n’est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre… et qui, désormais, n’appartient plus seulement à votre serviteur.
Dans ce recueil, vous découvrirez six nouvelles situées dans le monde du Paris des Merveilles. Je suis l’auteur de deux d’entre elles, les quatre autres étant l’œuvre de jeunes plumes – parfois débutantes mais toujours talentueuses – qui se sont approprié l’univers d’Isabel, Griffont et Azincourt pour, je l’espère, votre plus grand plaisir…

Le Paris des Merveilles est une trilogie de Pierre Pevel très sympathique, qui nous présente un Paris de la Belle Epoque où le monde des fées et la magie sont présents. Une saga pleine de qualités, mêlant fort à propos magie, enquêtes et humour dont j’avais chroniqué ici le tome 1. Mais revenons à nos contes et récits, qui constituent le premier hors série de cette saga.
Comme pour la trilogie, on note déjà une plastique irréprochable, avec un grand format et une couverture très design et stylée.
Si on laisse de côté l’esthétique, le contenu est tout aussi superbe. Le hors série s’ouvre et se clôture sur une nouvelle de Pierre Pevel, ce qui permet de bien se mettre (ou se remettre) dans l’ambiance et de retrouver certains personnages chouchous. Les autres nouvelles, écrites par des auteurs différents se passent toutes dans le Paris des Merveilles. Certaines utilisent simplement l’ambiance et l’univers, d’autres s’appuient sur la trilogie pour mieux rebondir et d’autres encore reprennent certains personnages. Elles sont toutes réussies, chacune dans leur style, avec un petit coup de cœur de ma part pour celle de Benjamin Lupu, mettant en scène le sculpteur Rodin…

Ces petites nouvelles se dégustent tranquillement, permettant de prolonger agréablement l’aventure du Paris des Merveilles.

Broadway Limited, tome 2 : Un Shim-Sham avec Fred Astaire

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De Malika Ferdjoukh
Paru chez l’Ecole des loisirs

Janvier 1949. Six. Elles sont six à souffler sur leurs doigts quand le brouillard s’attarde sur New York. Avant de se réchauffer dans la cuisine de l’honorable pension Giboulée, où elles partagent aussi leurs rêves fous, leurs escarpins trop pointus et quelques pancakes joufflus. Un jour, elles seront comédiennes ou danseuses, et Broadway sera à leurs pieds. En attendant, Hadley, Manhattan, Page, Chic, Etchika et Ursula courent les théâtres, les annonces, les auditions, les cachets – New York est une ville fabuleuse à condition d’avoir des sparadraps dans son sac. Elles ont 19 ans ou à peine plus, et elles donneraient tout pour réussir, elles qui n’ont rien, en dehors de leur talent. Cela peut-il suffire dans cette Amérique d’après-guerre qui ne fait pas de cadeau ? Pas sûr. Mais si elles n’y croient pas, si elles n’y croient pas scandaleusement, qui y croira ?

Quel plaisir de retrouver tout ce petit monde. Dès la première page, le lecteur plonge à nouveau dans l’ambiance joyeuse et électrique de ce Broadway d’après-guerre. Ce Broadway où tout est possible mais rien n’est facile.

Parallèle amusant, ce second tome s’ouvre sur l’arrivée d’un homme à la pension Giboulée, tout comme le premier tome, mais cette fois, c’est un colporteur sûr de lui et bourreau des cœurs qui entre en scène. Du coup on démarre à la fois sur du neuf et sur du mystérieux. Nul doute qui si on commence par là, c’est important mais… qui, quoi, comment ? Mystère et boule de gomme !
Ce tome suit plus précisément Manhattan et Page, permettant au lecteur de nouer des liens plus étroits avec ces deux personnages sensibles qui nous emportent dans un maelstrom d’émotions. On ne comprend pas trop ce que Manhattan espère de sa situation (elle ne semble pas le savoir elle-même), espérons que le tome 3 nous en dira plus à ce sujet.

Les autres personnages sont plus discrets mais on les retrouve avec plaisir au fil des pages. On papillonne des uns aux autres, on respire presque avec eux, en tout cas, on ressent avec eux et si ce tome est moins joyeux que le premier, il reste dynamique et primesautier, avec une ambiance parfaitement adaptée au thème.
Je me sens conquise par cette saga. Tout me plait, c’est vif, intelligent, joyeux et plein de sensibilité. Cap sur le troisième tome, en espérant un final éblouissant.