Monthly Archives: May 2016

Underwater – Le village immergé

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UnderwaterDe Yuki Urushibaka
Paru chez Latitudes

Par un été étouffant, alors que d’importantes restrictions d’eau frappent le Japon, la jeune Chinami s’évanouit pendant un entraînement d’athlétisme. Mais lorsque la collégienne se réveille, elle se trouve sur les berges idylliques d’une rivière aux eaux cristallines.
Autour d’elle, un village paisible, où seuls vivent encore un vieil homme et un petit garçon. Ce lieu mystérieux, qui lui semble étrangement familier, va petit à petit lui livrer ses nombreux secrets…

Mon premier manga. Jusque là j’avais un léger à priori sur ce genre mais comme il vaut mieux se faire une opinion soi-même et sur le concret, j’ai tenté l’expérience avec Underwater (reçu lors du merveilleux swap “Autour de l’image”) dont la couverture est absolument magnifique.

La néophyte que j’étais a eu un peu de mal à saisir le sens de lecture. Après quelques tâtonnements, j’ai enfin pu m’immerger dans cette histoire toute fraîche. Et paf le léger à-priori a volé en éclats. Je pense qu’il y a plein de styles différents regroupés sous l’appellation “manga”. Ici il s’agit d’un récit très poétique, tout en douceur, sensibilité et esthétique. Saisissante, presque envoûtante, avec un poil de merveilleux, l’histoire est passionnante et donne l’impression de voyager loin. Rêve et réalité s’entrecroisent pour dévoiler l’histoire d’une famille aux personnages très attachants.

Une très belle découverte.

Le sultan toufou

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Le sultan toufouDe François Vincent
Paru chez Didier jeunesse

 

Sur l’île de Zanzibar, le sultan est fou de joie : les premières dattes sont enfin apparues et demain, elles seront mûres à point !
Soudain, le sultan Toufou se met à imaginer des voleurs dans son jardin.
Qu’à cela ne tienne : cette nuit, le dattier sera placé sous haute surveillance ! Son fils aîné s’y colle le premier. Pendant son sommeil, un oiseau mystérieux vient voler toutes les dattes.
Le sultan furieux bannit son fils, patiente un an et envoie son deuxième fils, qui essuiera le même échec.
Seul le dernier des sept fils réussira sa mission.
Las, le sultan, au bout de 7 ans, est devenu complètement maboul…
Et son chat aussi !

Ce roman première lecture fait voyager. Ici on parle sultan, dattes, mille et une nuit…
Le ton est enjoué, la lecture plaisante.
C’est gai, frais, enlevé. Les situations qui se répètent subtilement permettent au jeune lecteur d’anticiper en rythmant le récit.
Le rebondissement final, qui sort volontairement du cadre esquissé au moment où ne s’y attend pas, ajoute une surprise originale pour terminer sur une belle pirouette.
Testé et approuvé par mon « jeune lecteur » qui n’a pas pu s’empêcher de lire quelques passages savoureux à haute voix, en gloussant. Preuve s’il en est que la cible est parfaitement atteinte !

En bonus, un marque-page détachable parce qu’on a parfois besoin de faire une pause quand on commence à lire des livres de grand !

Zazous

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zazousDe Gérard de Cortanze
Paru chez Albin Michel

On n’est pas sérieux quand on a quinze ans – même en pleine Occupation. Chaque jour, au café Eva, une bande de zazous se retrouve pour écouter du jazz. Josette, Pierre et Jean sont lycéens, Sarah est coiffeuse, Charlie trompettiste, Marie danseuse, Lucienne apprentie mannequin. Dans un Paris morose, ils appliquent à la lettre les mots d’ordre zazous : danser le swing, boire de la bière à la grenadine, lire des livres interdits, chausser en toutes circonstances des lunettes de soleil et enfiler de longues vestes à carreaux.

À mesure que les Allemands montrent leur vrai visage, ces jeunes gens qui ne portent pas encore le nom d’adolescents couvrent les murs de Paris du « V » de la victoire, sèment la panique dans les salles de cinéma et les théâtres, déposent une gerbe le 11 novembre sous l’Arc de Triomphe, arborent, par solidarité et provocation, l’étoile jaune. Traqués par les nazis, pourchassés par les collaborateurs, rejetés par la Résistance, les zazous ne veulent pas tant « changer la vie » qu’empêcher qu’on ne leur confisque leur jeunesse.

Ce roman aborde la période de l’occupation sous un jour plutôt original : à travers les yeux d’une bande de zazous.

Le livre est bien documenté. On sent qu’il s’appuie sur des bases solides, tant historiques que musicales. Les personnages (fictifs) sont très attachants, chacun dans leur style et on se prend d’amitié pour cette bande de copains, des jeunes gens qui s’ingénient à vivre leur jeunesse coûte que coûte dans un Paris sous le joug de l’ennemi.

Il m’a toutefois manqué un souffle un peu zazou sur ces pages. Le roman est assez long et pourtant manque un peu de diversité même s’il n’est jamais ennuyeux pour autant. J’aurais aimé quelques moments de folie vu de l’intérieur, en ayant moins l’impression d’être un spectateur bon enfant…
Cela étant, le récit est bien mené, parfaitement crédible et j’ai beaucoup aimé la fin.

Quatre soeurs – Tome 3 Bettina

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4soeurs_bettinaDe Cati Baur d’après Malika Ferdjoukh
Paru chez Rue de Sèvres

Au cœur de ce troisième tome de la série, il est question de Bettina, 14 ans, qui se languit du très moche et si splendide Merlin…

Pour les vacances de printemps, les sœurs Verdelaine reçoivent leurs petits cousins Harry et Désirée, venus profiter du grand air. Hortense, de son côté, échange des mails avec Muguette, toujours hospitalisée. Mais voilà que, pour joindre les deux bouts, Charlie décide de louer une partie de la maison ! Le locataire s’appelle Tancrède. Il est jeune, célibataire, drôle. Et beau…

Quel plaisir de retrouver toutes ces sœurs si différentes et si attachantes. Si l’on en croit le titre, cet opus est centré sur Bettina, mais tant que cela au final. On parle d’une fratrie indissociable, tout de même !
On retrouve l’ambiance particulière de la Vill’hervé, avec son lot de peines et de petits bonheurs au rythme des saisons. Nous serons ici emportés par une euphorie printanière.
Un nouveau personnage fera son entrée pour bousculer tout cela : Tancrède, un locataire beau et mystérieux.
Le texte reste à la fois tendre et drôle, dans un équilibre subtil parfaitement dosé. Il dit juste ce qu’il faut, pas plus, élimine le superflu… Les illustrations douces et lumineuses renforcent les émotions. Ce nouveau tome est un régal, tout aussi réussi que les précédents.

Un coup de cœur total pour la série qui se confirme !

Jonah 6 – Le jardin de Sian

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Jonah6De Taï-Marc Le Thanh
Couverture Rebecca Dautremer
Paru chez Didier jeunesse

Sur le continent, les orphelins s’organisent pour protéger leur village, quel qu’en soit le prix. De l’autre côté de l’océan, Jonah, Alicia, Adam, Malcom et l’équipage de l’Eden Sour combattent un terrible virus. Au cœur du dernier repaire des Sentinelles, Véra se lie d’amitié avec son étrange gardienne… Jonah et ses amis, plus unis que jamais, se préparent pour leur ultime affrontement avec la Nature. Un final spectaculaire, empreint d’une grande émotion.

C’est le dernier !
J’ai fait durer au maximum, partagée entre l’envie de connaître la fin, de poursuivre l’aventure et la tentation de temporiser un peu pour déguster…

Ce dernier tome réunit tous les personnages que nous avions appris à aimer dans les précédents, ainsi que quelques petits nouveaux, et pas des moindres.
Le rythme reste très très soutenu et les rebondissements s’enchaînent. L’auteur réussit le tour de force de nous faire croire en son héros sans nous assurer d’une issue positive. Résultat, on est happé jusqu’au bout !
C’est une très belle série qui s’achève là. Elle restera sans aucune doute dans les annales et fera encore battre de nombreux cœurs.

Une surprise de taille m’attendait sur la quatrième de couverture… La valse des pages y est citée, avec Télérama, RTL et Page des libraires. Quelle belle surprise totalement inattendue ! Merci Didier jeunesse et surtout, merci Taï-Marc pour cette série qui décoiffe.

Jonah6_quatrieme

Yin et le dragon, tome 1 : Créatures célestes

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YinScénario Richard Marazano
Illustrations Xu Yao
Paru chez Rue de Sèvres

Shanghai 1937. L’armée impériale japonaise a fait main basse sur une large partie de la côte chinoise. En ces temps de tristesse, la menace de l’antique prophétie plane, celle de l’invincible dragon noir Gongong qui doit venir anéantir les hommes quand le désespoir et la haine règneront.
Yin, petite fille d’une dizaine d’année est élevée par son grand-père pêcheur, Liu. Un soir, alors que Liu sort en mer, Yin se faufile sur le bateau. Soudain une bête puissante se débat dans ses filets : un dragon d’or, blessé, que Yin convint son grand-père de cacher et de soigner… Une décision qui les emmènera bien plus loin qu’ils ne le pensaient.

Belle mise en place pour ce premier tome d’un triptyque.

Sur fond historique solidement documenté, l’aventure est au rendez-vous et on sent tout de suite qu’avec Yin, on ne va pas s’ennuyer. D’ailleurs elle le dit elle même « personne ne peut lui dire non » ! Et comme elle n’a pas froid aux yeux, c’est parti pour un vrai grand bon moment.
Par ailleurs, l’aspect spiritualité et vieilles légendes apporte une dimension très intéressante au récit.
Outre ce scénario qui captive immédiatement, les illustrations sont très belles et le dragon majestueux est impressionnant.

On entre tellement bien dedans que la frustration s’impose lorsque on tourne la dernière page. Quoi, c’est déjà fini ? Mais ça venait juste de commencer ! Alors vivement la suite…

Sssi j’te mords, t’es mort

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Ssssi
De Pierre Delye
Illustrations Cécile Hudrisier
Paru chez Didier jeunesse

Pierre Delye et Cécile Hudrisier quittent la ferme douillette de « La petite poule rousse » pour s’aventurer dans la grande savane. Ce jour-là, le lion se pavane, sûr de lui, comme d’habitude. Mais un serpent minus, sinueux et sournois menace soudain le roi de la savane. Qui va l’emporter ?


Une fable pleine d’esprit dans les mots et dans les images, sur le pouvoir et les conflits qu’il provoque. Désopilant !

Il s’agit d’un deux en un, avec un premier conte où un serpent et un lion se retrouvent dans une situation délicate. Le leitmotiv Sssi tu bouges, j’te mords et sssi j’te mords, t’es mort revient régulièrement pour rappeler au roi de la savane que les dés sont jetés et que la force et le pouvoir sont aléatoires. Rien n’y fait, ni la discussion, ni la raison. C’est la ruse, qui fera la différence, puisque dans ce cas, la force est vaine. Qui est vraiment le plus fort, finalement ?

Le texte est savoureux, parfaitement équilibré et si le timbre de la voix du serpent peut déranger au départ, elle s’incruste ensuite dans le subconscient et revient aux moments où on ne l’attend pas forcément, un peu comme une petite « blague » d’initiés.

Un second conte suit, Les musiciens de la Nouvelle-Brême, une version revisitée du traditionnel conte des frères Grimm. Avec des références au jazz, des personnages rigolos et un texte très drôle, les réticences de l’auditeur qui pensait déjà bien connaître l’histoire s’envolent très vite. Seul bémol, si j’ose dire, je trouve que l’ambiance musicale est trop peu présente au début.

Dans ces deux contes, les illustrations originales et pleines d’humour complètent parfaitement le texte. Même si ce livre est avant tout prévu pour être écouté, il peut aussi très bien être simplement lu car le livre est soigné et très réussi.