D’Emma Donoghue
Paru chez Les Presses de la Cité
En pleine pandémie de grippe espagnole, l’ancien monde est en train de s’effondrer. À la maternité, des femmes luttent pour qu’un autre voie le jour. 1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population.
À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police. Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie.
Ce roman nous plonge en pleine pandémie de grippe espagnole, en Irlande, fin 1918. Vous vous en doutez, ce n’est pas déjà pas la joie, avec une société civile au bord de l’effondrement (voire au-delà) après quatre années de guerre mondiale. La pandémie viendra appuyer où cela fait mal et achever un travail de sape déjà bien avancé, déclenchant la panique à l’hôpital. Accessoirement, certaines mesures prises (ou non prises) rappelleront des événements sanitaires vécus il n’y a pas si longtemps et pourront faire sourire, ou pas. Le pavillon des combattantes nous propose un huis-clos court mais très intense. Ces quelques journées défilent à toute allure ! L’histoire découpée en quatre parties, Rouge, Marron, Bleu, Noir (les couleurs que prend la peau aux différents cycles de la maladie), raconte trois journées dans la vie de ces héroïnes du quotidien, dont le travail est (pourtant) essentiel et indispensable. Ce sera également l’occasion pour Julia d’un profond chamboulement sur le plan personnel, dans sa façon d’être, de travailler, de voir les choses…
Les contextes historique et médical sont très bien plantés, pour une expérience de lecture immersive et prenante, l’intrigue permettant par ailleurs d’aborder des thèmes intéressants et forts, tels que les violences conjugales, les séquelles de la guerre, le sort des filles mères, l’indépendance de l’Irlande, etc. Le trio de « combattantes » est bien choisi, avec des personnalités fortes et terriblement attachantes. Le pavillon des combattantes met en avant des personnages féminins. Les quelques personnages masculins, revenus amochés du front, sont secondaires et globalement mal en point. L’intrigue monte rapidement en puissance, pour une lecture sous tension jusqu’au bout. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman très fort, malgré quelques effets redondants dans l’intrigue et une fin qui ne m’a pas complètement convaincue.