De Valentine Goby
Paru chez Actes sud
Un jour d’hiver, le jeune Vadim, petit Parisien de douze ans, gamin des Batignolles, inquiet et asthmatique, est conduit par le train vers un air plus pur. Il ignore tout des gens qui vont l’héberger, quelque part dans un repli des hautes montagnes. Il est transi de fatigue quand, au sortir du wagon, puis d’un tunnel – l’avalanche a bloqué la voie –, il foule la neige épaisse et pesante, met ses pas dans ceux d’un inconnu. Avance vers un endroit dont il ne sait rien. Ouvre bientôt les yeux sur un décor qui le sidère, archipel de sommets entre brume et nuages, hameau blotti sur un replat. Immensité enivrante qui le rend minuscule. Là, tout va commencer, il faudra apprendre : surmonter la séparation, passer de la stupeur à l’apprivoisement, de l’éblouissement à la connaissance. Confier sa vie à d’autres, à ceux qui l’accueillent et qui savent ce qui doit advenir.
Lorsque Valentine Goby s’empare d’un sujet, elle le fait avec tellement de classe ! Voilà un court roman étonnant, qui nous permettra de découvrir Vallorcine et donc l’univers de la montagne dans toute sa rudesse et sa beauté, par les yeux de Vadim/Vincent. Tandis que la guerre est omniprésente en France, Vallorcine offre une parenthèse au petit garçon qui s’y réfugie en hiver 1943. Tout d’abord une parenthèse physique pour cet asthmatique, qui va pouvoir recommencer à respirer, mais aussi apprendre à repousser les limites de son corps au quotidien. Mais aussi une parenthèse sensorielle, avec une explosion de couleurs, de sensations, d’odeurs, d’émotions. Lieu d’accueil, mais surtout lieu d’apprentissage, la montagne enracine l’enfant dans la terre…
Le rythme est très lent, contemplatif. Le récit se déroule au fil des saisons dont le garçon s’émerveille et qu’il s’approprie finalement, dans un univers totalement nouveau pour lui où il est accueilli avec énormément de bienveillance. Le texte très poétique et plein de sensibilité est un véritable hymne à la montagne qui protège l’enfant, le fait grandir et lui permet de se réinventer pour vivre, tout simplement.
Un très beau roman, qui ne séduira pas les amateurs d’action, mais saura conquérir les autres. Ceux-là se laisseront entraîner par la magie de ce récit initiatique esquissé avec une palette de peintre, qui fait vibrer nos sens.