De Mickael McDowell
Traduction Yoko Lacour et Hélène Charrier
Paru chez Monsieur Toussaint Louverture
Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.
Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
Il s’agit d’une saga en 6 tomes, publiée dans les années 80 en langue anglaise sous forme de feuilleton (et ayant connu un vif succès à l’époque), sortie en français par Monsieur Toussaint Louverture sous forme de romans de 250 pages en publications échelonnées, à raison d’un tous les 15 jours. Un rythme de parution original, offrant des livres aux finitions plus que soignées et originales, comme sait si bien le faire cette maison d’édition, dans une sorte de format poche de luxe. Les couvertures arborant des illustrations genre gravures à l’eau-forte anciennes sont superbes ! Le pari semble réussi car cette saga a beaucoup fait parler d’elle dès le début et continue visiblement à séduire des lecteurs de tous âges et de tous horizons littéraires, s’imposant par là comme l’un des événements littéraires majeurs de 2022.
L’intrigue de cette grande fresque familiale est elle aussi atypique et ponctuée d’éléments fantastiques, voire horrifiques. Cela peut donc conduire à classer Blackwater dans la case OLNI (objet littéraire non identifié) !
Le style et le scénario sont construits de manière à ménager le suspense et le mystère. La plume est totalement addictive et chaque tome se termine sur un cliffhanger (celui du tome 1 est assez extrême, les autres seront heureusement un peu plus doux avec le lecteur…) qui donne terriblement envie de se jeter sur la suite. La tension monte graduellement jusqu’au tome 3 où elle atteint un premier palier dans l’intrigue. En ce qui me concerne, les trois derniers tomes ne m’ont pas procuré autant de plaisir de lecture que les trois premiers qui alliaient à merveille découverte et tension savamment dosée. Ils restent néanmoins fort plaisants et on est ravis de continuer cette aventure auprès des Caskey, mais une page a tout de même été tournée.
Par ailleurs, même si le récit est ancré dans son contexte historique (qui vient habilement souligner cette fresque familiale étalée dans le temps), on soulignera que l’auteur était très en avance sur son temps car il n’hésite pas à créer des personnages de femmes fortes et de pouvoir, aborder l’homosexualité, mais aussi à briser les tabous concernant la condition des Noirs aux États-Unis.
J’ai pour ma part beaucoup aimé cette lecture, autant sur le fond que sur la forme et je recommande vivement cette saga !