Monthly Archives: May 2023

La cité des nuages et des oiseaux

Standard

D’Anthony Doerr
Paru chez Albin Michel

Un manuscrit ancien traverse le temps, unissant le passé, le présent et l’avenir de l’humanité.
Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d’autres mondes et à d’autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?
Le roman d’Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu’à un futur lointain où l’humanité joue sa survie à bord d’un étrange vaisseau spatial en passant par l’Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de l’écrit et de l’imaginaire.
Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?

Une plume forte, un récit dense et riche, mais fluide, une construction à la fois audacieuse, originale, intelligente et totalement maîtrisée, autant d’ingrédients qui font de ce roman un récit d’exception. L’auteur nous emmène exactement là où il souhaitait nous embarquer et tisse sa toile patiemment pour nous guider à travers ces récits parallèles, dans une multitude de lieux, d’époques et d’ambiances, jusqu’à ce que toutes les pièces du puzzle s’imbriquent comme par magie. Ces histoires dans l’histoire toutes aussi passionnantes les unes que les autres ont comme point commun l’amour des livres et des mots, ainsi que ce manuscrit antique, perdu puis retrouvé, de Diogène.

Un roman exigeant, tant sur le fond que sur la forme, mais qui récompense largement les efforts peut-être consentis par le lecteur (pour ma part, c’est passé comme une lettre à la Poste) en lui ouvrant des horizons insoupçonnés et réjouissants.

Les loups du clair de lune

Standard

De Xavier-Laurent Petit
Paru chez l’Ecole des loisirs

Vous rêvez de passer des vacances au bout du monde ? Hannah le fait. Le Bout du Monde, c’est là qu’est partie habiter sa grand-mère. Un endroit perdu à l’est de l’Australie. La première ville est à soixante kilomètres, le premier voisin presque aussi loin. Même la pluie ne sait plus où ça se trouve. Ici, on peut se consacrer aux deux choses les plus importantes : vivre en pleine nature et lire, sans être dérangé par personne. On peut aussi garder ses secrets. Et elle en a, des secrets, sa grand-mère. Des secrets qui remontent à des temps très anciens. Des secrets qui ont la forme d’empreintes et de touffes de poils. Des secrets de la plus haute importance. Des secrets qui font battre le cœur, et même un peu trop vite.

Cette collection Histoires naturelles propose des fictions à la frontière du documentaire, mêlant aventure et investigations au scénario. À chaque fois, le dépaysement est garanti. Avec Les loups du clair du lune, nous partons en Tasmanie, sur la piste des loups de Tasmanie ou tigres de Tasmanie ou encore thylacines, une espèce désormais éteinte.

Ce voyage au cœur profond de la Tasmanie nous permet de découvrir des paysages, mais aussi des espèces endémiques, en compagnie d’Hannah venue passer les vacances chez sa grand-mère excentrique qui vit en solitaire dans un endroit appelé le Bout du monde.

Le récit présenté sous forme d’enquête scientifique en mode aventure est suffisamment détaillé pour être vraisemblable et apporte son lot de rebondissements et de surprises, pour une expérience de lecture sympathique. La présentation, avec une touche de couleur orange et quelques illustrations réparties sur l’ensemble du texte est très agréable. Ce roman fait par ailleurs passer un message écologique fort et invite à se questionner sur le rapport entre l’Homme et la Nature.

Un texte fluide et abordable, un environnement original et intéressant, une véritable aventure, un animal désormais éteint… autant d’ingrédients qui ne peuvent que mener à une expérience de lecture sympathique. Dans la même collection, j’ai tout de même préféré La forêt des nuages.

Gone with the wind

Standard

Adaptation graphique de Pierre Alary
A partir du roman de Margaret Mitchell
Paru chez Rue de Sèvres

Scarlett O’Hara, jeune fille d’une riche famille d’Atlanta au sud des Etats-Unis, connait une vie douce et confortable, menée au rythme de son caractère déterminé et audacieux. Lorsque la Guerre de Sécession débute en 1861, ses repères s’écroulent, et de lourdes responsabilités s’imposent à elle. Au milieu de la destruction et de la mort, Scarlett rêve pourtant d’amour : celui pour Ashley Wilkes, pourtant promis à une autre, et qu’elle porte secrètement depuis toujours. L’arrivée de Rhett Butler, homme sans foi ni loi, aussi immoral que séduisant, rebattra de nouveau les cartes dont la jeune fille dispose pour atteindre le bonheur. Avec son adaptation du célèbre roman de Margaret Mitchell et la formidable mise en images de ses personnages cultes, Pierre Alary signe une œuvre prenante et magnifie ce récit intemporel.

Oserais-je avouer que je n’ai pas lu Autant en emporte le vent, ni vu ses adaptations cinématographiques ? Incroyable… mais vrai ! J’ai donc pu aborder ce roman graphique avec un œil neuf et objectif.

Cette adaptation de Pierre Alary au look vintage est plus que séduisante. La couverture est extraordinaire (et la tranche toilée !!!!) et le contenu est, bien sûr, à l’avenant. Les illustrations sont très belles, le découpage des planches parfaitement adapté, les couleurs éclatantes et on plonge dedans sans hésiter.

Côté scénario, Pierre Alary a, en ce qui me concerne, déjà fait ses preuves sur des adaptations délicates. Il s’en sort encore une fois avec brio et la complexité des relations humaines sonne ici très juste. La personnalité des personnages est très bien rendue, notamment la frivole mais tout de même attachante Scarlett. Un personnage entier, qui sait se montrer forte et déterminée et fait tout avec passion et sans concession. Celui de Rhett Butler est particulièrement bien campé également : son charisme, sa malhonnêteté, sa force de caractère sont habilement soulignés par les illustrations. Ainsi, l’un et l’autre se détachent totalement du lot…

Et enfin, l’aspect historique n’est pas en reste ! Pierre Alary s’y entend pour rendre une atmosphère avec subtilité. Il s’est surpassé dans cette adaptation ! On sent bien la fièvre de la guerre de Sécession côté sudistes, puis l’enlisement, la détresse des familles, les ravages de la guerre… On vit ce moment historique sans complaisance, aux côtés de Scarlett et on passe par toute une palette d’émotions. Outre l’intrigue (romantique) en elle-même, cette histoire représente par conséquent un témoignage historique intéressant.

Ce premier tome est un hommage vibrant à cette Amérique des années 1860, magnifiquement mise en lumière dans cette adaptation graphique passionnée et passionnante d’une période trouble de l’Histoire.