Monthly Archives: November 2021

Un caillou dans la poche

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De Marie Chartres
Illustré par Jean-Luc Englebert

Un caillou. L’île où vit Tino n’est pas beaucoup plus grande qu’un caillou. La plupart de ses 216 habitants sont vieux et jamais rien ne se passe. Tino rêve qu’un jour quelque chose vienne de la mer, comme une baleine ou un chercheur d’or. Ou bien qu’il découvre un caribou au milieu des fougères. Mais le bateau n’amène qu’une classe venue visiter l’île. Tino ne sait pas encore qu’il va faire la rencontre la plus extraordinaire de sa vie.

Un petit roman tout doux.
Amateurs d’actions, de péripéties, de blagues poilantes, passez votre chemin. Ici on est plutôt dans l’introspection. Car voyez-vous, Tino rêve de grandes choses et là, sur son île, il attend que ces grandes choses arrivent. La rencontre avec une élève du continent venue en “expédition scolaire” et une belle amitié naissante l’amènera à ouvrir les yeux sur son quotidien, sur ses aspirations, sur lui-même. Il réalisera que l’aventure et le bonheur peuvent être juste là à portée de main, tout simplement.
Malgré quelques longueurs, le texte simple et touchant est tout en sensibilité et en poésie, comme un petit bonbon au miel. Il se lit avec plaisir et parle aux cœurs d’enfants.

Danger en rive

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De Nathalie Rheims
Paru chez Leo Scheer

La narratrice de ce roman a décidé, un jour, de couper les ponts avec le monde qui l’entoure, de renoncer à sa carrière d’écrivain, de quitter Paris pour se réfugier dans sa maison, perdue dans la campagne, au milieu du pays d’Auge.
Cela fait maintenant cinq ans qu’elle vit là, recluse, parfaitement solitaire, en dehors de son chien, Paul, qui l’accompagne partout. Depuis, elle n’a plus écrit une ligne.
À l’origine de ce changement de vie, il y a un traumatisme, si violent qu’elle en a perdu la mémoire. Des bribes de souvenirs vont pourtant refaire surface. Cette femme rendue à elle-même découvre alors qu’elle a été la victime d’un harceleur qui ne lui a laissé aucun répit, au point qu’elle a failli en perdre la vie.
Aujourd’hui, ce personnage monstrueux l’a retrouvée. Cette fois, elle n’a plus le choix : ce sera lui ou elle.

La narratrice du livre, dont on ne connaît pas le nom (en un parallèle parfait avec le thème) pourrait tout à fait s’identifier à l’écrivaine elle-même. C’est d’ailleurs ce que la construction du texte sous une forme autobiographique laisse imaginer. Je pense toutefois que ce n’est pas le cas et qu’il s’agit bien d’une fiction.
Le traumatisme subi par la narratrice est dévoilé par des petits détails disséminés, titillant le lecteur tout du long. Le pourquoi du comment est amené par bribes, comme des éclairs de lucidité, des éléments de cette mémoire perdue, de ce déni de soi et du passé.
Dans ce récit, imaginaire et réalité ne font plus qu’un, avec une phrase qui revient à plusieurs reprises comme un leitmotiv “L’imaginaire est bien pire que le réel”. Le lecteur finit d’ailleurs par s’y perdre, pour mieux se retrouver… ou pas.

Les thèmes des dérives des réseaux sociaux et du harcèlement moral sont très bien traités. On réalise pleinement les ravages qu’ils peuvent provoquer. En revanche, le dénouement est étrange : un peu trop hâtif et marqué totalement au sceau du réel, poussant ainsi le lecteur à s’interroger sur la première partie, voire plus largement, sur ce qu’il vient de lire. Cela renforce certes l’opposition fiction/réel et donc le propos mais cela revient également à dire que l’intrigue tient en quelques pages seulement, finalement… Par ailleurs, la narratrice reste (je suppose volontairement) floue, alors qu’elle aurait gagné à être approfondie dans cette dernière partie.
Il n’en reste pas moins que le but est atteint : les repères se brouillent, le lecteur est dérouté, attention toutefois qu’il ne se perde pas tout à fait…

J’aurais voulu

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D’Olivier Tallec
Paru chez l’Ecole des loisirs

Je ne veux plus être un écureuil. Plus jamais !
D’ailleurs personne ne rêve de devenir un écureuil.
Si on m’avait demandé mon avis, j’aurais choisi autre chose.

Après C’est mon arbre et Un peu, beaucoup, nous retrouvons notre (tellement) mignon petit écureuil. Cette fois, il se pose des questions vraiment existentielles. Être un écureuil, c’est nul et ennuyeux, l’herbe est certainement plus verte ailleurs, cela ne fait aucun doute.

Nous allons donc accompagner l’écureuil dans sa quête identitaire. Ce n’est pas simple car les choses ne sont pas forcément telles qu’on les pense/rêve et surtout aucune situation n’est malheureusement idyllique. Il devra apprendre à faire la part des choses, à peser le pour et le contre, à s’accepter tel qu’il est.

Encore une fois, les images aux couleurs automnales sont vraiment sympas et expressives. L’humour est omniprésent et apprécié. Le texte est quant à lui court mais fait mouche à chaque fois.


C’est donc une nouvelle réussite pour cette série qui peut tout à fait se lire indépendamment.

Mercy Thompson, tome 1 L’appel de la lune

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De Patricia Briggs
Paru chez Milady

” Les loups-garous peuvent être dangereux si vous vous mettez en travers de leur chemin. Ils ont un talent extraordinaire pour dissimuler leur véritable nature aux yeux des humains. Mais moi, je ne suis pas tout à fait humaine. “

En effet, Mercy Thompson n’est pas une fille des plus banales. Mécanicienne dans le Montana, c’est une dure à cuire qui n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis et à sortir les griffes quand le danger frappe à sa porte. Mais ce n’est pas tout : son voisin très sexy est le chef de meute d’une bande de loups-garous, le minibus qu’elle bricole en ce moment appartient à un vampire, et la vieille dame très digne qui lui rend visite vient jeter des sorts sur son garage. Au cœur de ce monde des créatures de la nuit, Mercy se trouve mêlée à une délicate affaire de meurtre et d’enlèvement…

J’ai bien aimé alors que je ne suis pas du tout la cible de ce genre de bouquin et que je boycotte la bit-lit depuis… toujours. Le fait qu’elle soit quasi systématiquement associée avec une romance (en général peu subtile) ne plaide pas en sa faveur. Eh bien, Mercy Thompson se détache du lot. D’abord pas de romance sirupeuse (les fans de romance, excusez-moi) même si on a quelques descriptions aguichantes, notamment des loups-garous et la question des femelles/compagnes qui revient régulièrement. Mais une fois mis en parallèle avec la vie des loups (l’animal), ce second point passe assez bien. J’en profite d’ailleurs pour souligner le fait que l’autrice s’est attachée à mettre l’accent sur l’aspect animal du loup en faisant des parallèles avec les loups “standard” (qui sont des animaux fascinants) et je trouve ça vraiment bien. Autre point super intéressant, le lien avec les indiens et le chamanisme. Cela revient à plusieurs reprises et c’est excellent. Concernant ce tome 1, contre toute attente, donc, je l’ai dévoré (sans atteindre tout de même le nirvana du coup de coeur).

Sans être d’une originalité folle, l’intrigue fait le job pour entretenir un minimum de tension, du coup les pages défilent. Et le gros point super positif réside dans l’ambiance et les personnages. Toutes les parties concernant le passé, l’évolution des créatures surnaturelles vers la situation actuelle et cette même situation sont très sympas et donnent de l’épaisseur au récit. Les personnages font le reste. Ils sont tous très charismatiques et/ou mystérieux, chacun dans leur genre et le lecteur ne peut manquer de s’y attacher très vite (même à ceux que l’on voit peu comme Mac). La palme revient à Mercy, bien sûr, qui évolue avec intelligence et aisance dans ce milieu terriblement patriarcal. Elle est maline, elle est forte, elle est indépendante. Voilà une héroïne qui a du chien et du potentiel !

Une lecture facile, pas prise de chou pour passer un moment agréable… A voir si le reste de la saga reste sur cette ligne ou pas.