Danger en rive

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De Nathalie Rheims
Paru chez Leo Scheer

La narratrice de ce roman a décidé, un jour, de couper les ponts avec le monde qui l’entoure, de renoncer à sa carrière d’écrivain, de quitter Paris pour se réfugier dans sa maison, perdue dans la campagne, au milieu du pays d’Auge.
Cela fait maintenant cinq ans qu’elle vit là, recluse, parfaitement solitaire, en dehors de son chien, Paul, qui l’accompagne partout. Depuis, elle n’a plus écrit une ligne.
À l’origine de ce changement de vie, il y a un traumatisme, si violent qu’elle en a perdu la mémoire. Des bribes de souvenirs vont pourtant refaire surface. Cette femme rendue à elle-même découvre alors qu’elle a été la victime d’un harceleur qui ne lui a laissé aucun répit, au point qu’elle a failli en perdre la vie.
Aujourd’hui, ce personnage monstrueux l’a retrouvée. Cette fois, elle n’a plus le choix : ce sera lui ou elle.

La narratrice du livre, dont on ne connaît pas le nom (en un parallèle parfait avec le thème) pourrait tout à fait s’identifier à l’écrivaine elle-même. C’est d’ailleurs ce que la construction du texte sous une forme autobiographique laisse imaginer. Je pense toutefois que ce n’est pas le cas et qu’il s’agit bien d’une fiction.
Le traumatisme subi par la narratrice est dévoilé par des petits détails disséminés, titillant le lecteur tout du long. Le pourquoi du comment est amené par bribes, comme des éclairs de lucidité, des éléments de cette mémoire perdue, de ce déni de soi et du passé.
Dans ce récit, imaginaire et réalité ne font plus qu’un, avec une phrase qui revient à plusieurs reprises comme un leitmotiv “L’imaginaire est bien pire que le réel”. Le lecteur finit d’ailleurs par s’y perdre, pour mieux se retrouver… ou pas.

Les thèmes des dérives des réseaux sociaux et du harcèlement moral sont très bien traités. On réalise pleinement les ravages qu’ils peuvent provoquer. En revanche, le dénouement est étrange : un peu trop hâtif et marqué totalement au sceau du réel, poussant ainsi le lecteur à s’interroger sur la première partie, voire plus largement, sur ce qu’il vient de lire. Cela renforce certes l’opposition fiction/réel et donc le propos mais cela revient également à dire que l’intrigue tient en quelques pages seulement, finalement… Par ailleurs, la narratrice reste (je suppose volontairement) floue, alors qu’elle aurait gagné à être approfondie dans cette dernière partie.
Il n’en reste pas moins que le but est atteint : les repères se brouillent, le lecteur est dérouté, attention toutefois qu’il ne se perde pas tout à fait…

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