Les sales gosses

De Colas Gutman
Illustré par Magali Le Huche
Paru chez l’Ecole des loisirs

“Et si on devenait des sales gosses ? ” C’est Delphine, ma soeur, qui a eu l’idée. Histoire de voir si nos parents nous aimaient vraiment. Les parents disent toujours qu’ils aiment leurs enfants, quoi qu’ils puissent faire. Mais si on devenait vraiment insupportables ? Avec les conseils de Jimmy, la légende du sale gosse depuis la maternelle, on a très vite fait des progrès. Mais personne ne pouvait se douter que les choses iraient aussi loin.

Ce roman pour jeunes lecteurs joue la carte de l’humour, avec des passages complètements abracabrantesques et des retournements de situation réjouissants. Il est bien rythmé et plein de (bonnes) surprises. On y croisera même un cousin de Chien pourri !
Sous le vernis humoristique, ce texte offre une vraie bouffée d’amour, rendant la lecture encore plus agréable.
Un livre étonnant sur la relation parents-enfants, aux antipodes de ce qu’on peut lire sur ce sujet, sans prise de tête et qui ne manquera donc certainement pas de faire mouche auprès de son public.

Saga BD La guerre des Lulus

De Régis Hautière et Hardoc
Paru chez Casterman

Août 1914. L’offensive de l’année allemande au nord-est de la France jette des milliers de villageois sur les routes. Dans le désordre ambiant, quatre enfants, Lucien, Lucas, Luigi et Ludwig, sont oubliés lors de l’évacuation de leur orphelinat. Bientôt, ils se retrouvent isolés derrière la ligne de front. Livrés à eux-mêmes en territoire ennemi, ils s’organisent pour survivre… Cette saga historique propose un tome par année de guerre. Nous suivrons le périple de quatre orphelins livrés à eux-mêmes, plutôt débrouillards. Le fait de vivre la guerre de 14-18 du point de vue des enfants apporte une vraie fraîcheur (si je puis dire étant donné le contexte historique). Les héros sont très attachants, avec leurs qualités et leurs faiblesses et le lecteur se prend vraiment au jeu de cette épopée passionnante. Le ton est assez léger et drôle, sans toutefois minimiser l’impact de la guerre. Enfin, cerise sur le gâteau, on apprend des tas de choses vraiment intéressantes grâce à cette lecture, tant sur l’aspect historique que sur l’histoire locale des lieux traversés.
Après les cinq premiers tomes, chaque personnage se voit dédier un tome consacré à sa fin de guerre/son après-guerre (pour l’instant seuls Lucien et Luigi sont sortis). En outre, un hors série en deux tomes propose également La perspective Luigi qui aborde plus en profondeur leur passage en territoire ennemi.

La fileuse d’argent

De Naomi Novik
Paru chez de Noyelles et J’ai lu

Petite-fille et fille de prêteur, Miryem ne peut que constater l’échec de son père. Généreux avec ses clients mais réticent à leur réclamer son dû, il a dilapidé la dot de sa femme et mis la famille au bord de la faillite… jusqu’à ce que Miryem reprenne les choses en main. Endurcissant son coeur, elle parvient à récupérer leur capital et acquiert rapidement la réputation de pouvoir transformer l’argent en or. Mais, lorsque son talent attire l’attention du roi des Staryk – un peuple redoutable voisin de leur village -, le destin de la jeune femme bascule. Obligée de relever les défis du roi, elle découvre bientôt un secret qui pourrait tous les mettre en péril…

C’est un roman de fantasy assez étonnant que je qualifierais de roman d’ambiance, tout au moins sur la première partie.
On se laisse d’ailleurs peu à peu gagner par cette ambiance qui s’installe et que j’ai trouvée plutôt bien fichue. L’intrigue est passionnante, même si elle aurait pu aller plus loin (on se retrouve au final avec un combat entre le froid et le chaud, le blanc et le noir, mais heureusement pas entre le bien et le mal, ouf !). En tout cas, cela m’a beaucoup plu. Et j’ai trouvé appréciable de trouver le thème du judaïsme et de l’antisémitisme dans un roman de fantasy.
J’ai été toutefois un peu frustrée au démarrage par le manque d’infos sur les motivations des Staryk et d’ailleurs même une fois terminé, je trouve que ce pan a été sous-exploité. On n’en sait pas assez sur leurs us et coutumes, pas assez sur leurs motivations, pas assez sur le pourquoi des agissements du roi. C’est un peu dommage de mettre en place un univers aussi détaillé et original et de ne pas l’exploiter plus. Par contre j’ai adoré ce concept de monde parallèle avec cette route blanche mouvante.

Miryem est un personnage vraiment attachant, avec une personnalité très intéressante. La partie concernant Irina est très sympa également et l’évolution de son personnage est top.  Les deux femmes mènent la danse et elles le font vraiment bien. Elles constituent les personnages centraux et le thème de la place de la femme y est du coup habilement développé.

En conclusion, c’est un roman de fantasy original et passionnant qui vaut vraiment la peine d’être lu !

Ce que nous sommes

De Zep
Paru chez Rue de Sèvres

Nous vivons dans une hypertechnologie que presque aucun individu n’est capable de comprendre ou de maîtriser…
On voulait faire un humain augmenté, on a créé l’humain assisté.

Avec une telle couverture, ce roman graphique ne peut qu’attirer le futur lecteur…
Il découvrira une histoire de science-fiction d’anticipation assez courte. Après une présentation d’une humanité idyllique grâce à DataBrain (tout ce savoir acquis en un clic ou presque, ça laisse rêveur…), le vernis se craquelle assez vite, révélant des jeunes humains blasés, qui s’ennuient et, bien sûr, des inégalités sociales avec plusieurs niveaux d’accès au savoir. Ceci entraînant cela, notre héros va brutalement perdre son identité, ses acquis, sa vie suite au hacking de ses données. Pour mieux renaître ensuite.
L’intrigue est simple mais bien construite, avec un message sensible et engagé, invitant à la réflexion sur l’inné et l’acquis mais aussi sur l’importance du virtuel dans nos vies, le tout dans un univers intéressant. La lecture est agréable, malgré un petit goût de trop peu. L’équilibre entre les illustrations épurées et le texte est parfait, tout en délicatesse…