Category Archives: Romans jeunes lecteurs

Les loups du clair de lune

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De Xavier-Laurent Petit
Paru chez l’Ecole des loisirs

Vous rêvez de passer des vacances au bout du monde ? Hannah le fait. Le Bout du Monde, c’est là qu’est partie habiter sa grand-mère. Un endroit perdu à l’est de l’Australie. La première ville est à soixante kilomètres, le premier voisin presque aussi loin. Même la pluie ne sait plus où ça se trouve. Ici, on peut se consacrer aux deux choses les plus importantes : vivre en pleine nature et lire, sans être dérangé par personne. On peut aussi garder ses secrets. Et elle en a, des secrets, sa grand-mère. Des secrets qui remontent à des temps très anciens. Des secrets qui ont la forme d’empreintes et de touffes de poils. Des secrets de la plus haute importance. Des secrets qui font battre le cœur, et même un peu trop vite.

Cette collection Histoires naturelles propose des fictions à la frontière du documentaire, mêlant aventure et investigations au scénario. À chaque fois, le dépaysement est garanti. Avec Les loups du clair du lune, nous partons en Tasmanie, sur la piste des loups de Tasmanie ou tigres de Tasmanie ou encore thylacines, une espèce désormais éteinte.

Ce voyage au cœur profond de la Tasmanie nous permet de découvrir des paysages, mais aussi des espèces endémiques, en compagnie d’Hannah venue passer les vacances chez sa grand-mère excentrique qui vit en solitaire dans un endroit appelé le Bout du monde.

Le récit présenté sous forme d’enquête scientifique en mode aventure est suffisamment détaillé pour être vraisemblable et apporte son lot de rebondissements et de surprises, pour une expérience de lecture sympathique. La présentation, avec une touche de couleur orange et quelques illustrations réparties sur l’ensemble du texte est très agréable. Ce roman fait par ailleurs passer un message écologique fort et invite à se questionner sur le rapport entre l’Homme et la Nature.

Un texte fluide et abordable, un environnement original et intéressant, une véritable aventure, un animal désormais éteint… autant d’ingrédients qui ne peuvent que mener à une expérience de lecture sympathique. Dans la même collection, j’ai tout de même préféré La forêt des nuages.

Trilogie Winterhouse hotel

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De Ben Guterson et Chloe Bristol
Paru chez Albin Michel (et disponible en Poche)

Quelques dollars dans une enveloppe, un ticket de bus et une adresse : c’est ce que trouve Elizabeth Sommers devant sa porte close en rentrant de l’école, à la veille des vacances de Noël. Son oncle et sa tante sont partis pour trois semaines, et elle doit rejoindre Winterhouse Hôtel, où une chambre l’attend. Surprise ! Loin de la pension miteuse qu’elle imaginait, Winterhouse Hôtel est un manoir fascinant, tout droit sorti d’un film de Wes Anderson. Cerise sur le gâteau, elle y rencontre Fred, un garçon de son âge, qui comme elle est passionné de livres, d’énigmes et de jeux de mots.
Tant mieux, car les mystères, codes et autres bizarreries ne manquent pas à Winterhouse, et ces vacances promettent d’être palpitantes !

Voilà une sympathique trilogie fantastique, parfaite pour une lecture au coin du feu ou sous un plaid pour les fêtes de fin d’année.
Ces trois romans ponctués de belles illustrations ont tout pour plaire : une intrigue menée tambour battant, une héroïne ô combien attachante, une ambiance hivernale extraordinaire, des références littéraires nombreuses, un texte de qualité et des jeux de mot, énigmes, codes et mystères à foison. Ils se dévorent en mode “chasse au trésor”, proposant un divertissement sur plusieurs tableaux. Même si l’intrigue est un peu simple et répétitive au fil des tomes, le suspense est là et c’est un plaisir de se plonger et replonger dans ces romans.

Aliénor, fille de Merlin tome 3

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De Séverine Gauthier
Paru chez l’Ecole des loisirs

Guidée par une mystérieuse prophétie, Aliénor a convaincu son ami Lancelot de partir avec elle sur les Monts d’Arée. Les Monts d’Arrée ? Mais n’est-ce pas le territoire de l’Ankou ? Aliénor est persuadée que là-bas elle trouvera enfin le moyen de rencontrer le seigneur de la mort et de le faire renoncer à l’âme de Merlin, terrassé une deuxième fois par le cri de la mandragore.

On retrouve Aliénor exactement où on l’a laissée, avec son fantasque fantôme de père terrassé une seconde fois par le cri de la même mandragore (ce qui est sorcièrement pourtant impossible !!) qui refuse de ressusciter pour pouvoir étudier un champignon inconnu en train de pousser sur le nez de sa dépouille. Le ton est donné d’emblée. On connaît bien nos personnages principaux, désormais, et c’est un plaisir de les retrouver, ainsi que leur petit monde. Aliénor est toujours aussi attachante. Elle gagne encore en « humanité » et en capital sympathie dans ce tome. Les lectrices ne manqueront sans doute pas de s’identifier à cette fantastique héroïne. Les lecteurs pourront, ou pas, s’identifier à Lancelot, piètre chevalier, certes, mais au très grand coeur. Chacun fera bien comme il voudra !
Toujours est-il que Lancelot et Aliénor vont se lancer dans une nouvelle aventure dangereuse et trépidante.
Tout comme les premiers tomes, le ton est enjoué et dynamique. L’intrigue est pleine de péripéties savoureuses et offre la perspective d’un excellent moment. Par contre il faudra attendre les tomes suivants pour clôturer ce volet d’aventures, puisqu’ils vont par deux ! Vivement la suite car on termine sur un suspense intense…

Renversante

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De Florence Hinckel
Paru chez l’Ecole des loisirs

Tout va bien pour Léa ! À l’école, elle aime jouer au foot dans la cour avec ses amies. Elle est naturellement douée en maths, comme le sont souvent les filles. Elle sait déjà qu’elle est promise à une brillante carrière, de chirurgienne, huissière ou, pourquoi pas, ministresse ! Quel que soit son choix, elle n’aura pas à s’occuper de ses enfants, puisque c’est leur père qui s’en chargera. Les hommes sont naturellement faits pour ça, non ? « C’est comme ça ! On n’y peut rien ! » a tendance à penser Léa. Mais son père et son frère, Tom, vont la pousser à remettre en question l’ordre établi…

Il s’agit d’une série de deux romans (le second est tout récent) féministes engagés. Le parti pris est très bien vu puisque l’autrice a choisi de raconter une fiction en inversant les rôles : dans le monde matriarcal de Léa, tout est au féminin, normal puisque ce sont les femmes qui dirigent le monde depuis des siècles. Elles ont donc bâti des règles à leur convenance.
Je trouve ce point de vue inversé et ce glissement de perspective très intelligent et vraiment parlant. En effet, tout est ancré en nous depuis toujours et si on se pose parfois des questions ou on s’insurge contre telle ou telle situation, là on va vraiment plus au fond des choses, pour une prise de conscience totale des inégalités et dysfonctionnements de notre société à ce sujet. Cela incite à se poser des (bonnes) questions.
Le tome 2 va encore plus loin, mais l’ayant lu dans la foulée, j’y ai trouvé quelques redites. Il est peut-être préférable de les espacer ou de n’en choisir qu’un seul sur les deux.
Ce sont des textes intéressants, militants, légers et drôles à mettre entre toutes les mains. A noter toutefois que les partis pris peuvent poser des problèmes d’accessibilité aux lecteurs moins aguerris.

Les sales gosses

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De Colas Gutman
Illustré par Magali Le Huche
Paru chez l’Ecole des loisirs

“Et si on devenait des sales gosses ? ” C’est Delphine, ma soeur, qui a eu l’idée. Histoire de voir si nos parents nous aimaient vraiment. Les parents disent toujours qu’ils aiment leurs enfants, quoi qu’ils puissent faire. Mais si on devenait vraiment insupportables ? Avec les conseils de Jimmy, la légende du sale gosse depuis la maternelle, on a très vite fait des progrès. Mais personne ne pouvait se douter que les choses iraient aussi loin.

Ce roman pour jeunes lecteurs joue la carte de l’humour, avec des passages complètements abracabrantesques et des retournements de situation réjouissants. Il est bien rythmé et plein de (bonnes) surprises. On y croisera même un cousin de Chien pourri !
Sous le vernis humoristique, ce texte offre une vraie bouffée d’amour, rendant la lecture encore plus agréable.
Un livre étonnant sur la relation parents-enfants, aux antipodes de ce qu’on peut lire sur ce sujet, sans prise de tête et qui ne manquera donc certainement pas de faire mouche auprès de son public.

Les sœurs hiver

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De Jolan Bertrand
Illustré par Tristan Gion
Paru chez l’Ecole des loisirs

Il y a très longtemps, il y avait deux hivers : la Grande, avec ses froids polaires et ses blizzards, et la Petite, avec ses glissades joyeuses et ses batailles de boules de neige. Mais depuis que la Petite a disparu, tout est détraqué au village de Brume ! Les adultes sont inquiets, plus personne ne rit aux bonnes farces d’Alfred et, surtout, les trolls passent leur temps à voler des objets, qu’ils emportent à tout jamais dans la taïga. Lorsque l’oncle d’Alfred se porte volontaire pour rapporter les objets volés et qu’il disparait sous ses yeux, avalé par la tempête, c’en est trop : il faut partir à sa recherche, coûte que coûte, braver les dangers de la forêt boréale, et affronter la Grande Hiver…

Sans vouloir paraître frivole et une fois n’est pas coutume, je souhaite démarrer ce billet par une ovation à l’illustrateur, Tristan Gion. La couverture de ce livre est absolument sublime avec les éléments “cheveux” argentés, on ne voit pas souvent de couvertures aussi belles ! Par ailleurs, le récit est émaillé de petites et grandes illustrations en couleur. C’est très beau…
Mais passons au cœur de l’ouvrage ! Ce roman met en place une superbe ambiance telle qu’on en trouve rarement dans un roman pour cette jeune cible. L’univers, résolument dépaysant, est très prenant, avec suffisamment de suspense, de rebondissements et d’incertitudes pour captiver le lecteur, en s’appuyant sur tout un pan de mythologie nordique très sympa. L’intrigue est originale et passionnante et le lecteur est rapidement envoûté…
Une lecture grandement conseillée par La valse des pages !

Aliénor fille de Merlin tome 2

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De Séverine Gauthier
Paru chez l’Ecole des loisirs

– On pourrait faire d’une pierre deux coups ?
Et c’est ainsi qu’Aliénor et son ami Lancelot ont décidé de faire équipe. C’est à deux qu’ils devront s’échapper du vieux moulin qui menace de les engloutir, c’est à deux qu’ils accompliront les missions qu’ils se sont fixées. Récolter de la bave de crapauds bleus pour l’apprenti chevalier, dénicher de nouvelles mandragores pour la fille de Merlin. Mais ils devront faire vite. Car, vous l’aurez compris, Aliénor n’a toujours pas trouvé le moyen de ressusciter son père. Or, l’Ankou rôde, très pressé d’emporter l’âme de Merlin vers le royaume des morts.

Ce tome 2 est la suite directe du premier car il démarre précisément là où s’était arrêté ce dernier, d’où l’intérêt de les enchaîner.
Encore une fois, on est tout de suite dans l’action, avec l’épreuve délicate du vieux moulin. L’intrigue suit son cours et reste efficace et sympa. Il y a très peu de temps morts.
Le personnage d’Aliénor gagne encore en capital sympathie.
C’est un plaisir de retrouver tout ce petit monde pour poursuivre l’aventure !


Loufoque, rocambolesque à souhait, tendre aussi par moments et absolument passionnante, cette première duologie de la saga est une réussite !

Aliénor, fille de Merlin

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De Séverine Gauthier
Illustrations Thomas Labourot
Paru chez l’Ecole des loisirs

Aliénor, la fille de Merlin, provoque la mort de ce dernier en déterrant une mandragore sans prendre de précautions. Désormais devenu un fantôme, Merlin lui demande de le ramener à la vie grâce à ses pouvoirs druidiques. Mais pour cela, Aliénor n’est pas au bout de ses peines…

Ce petit roman a tout pour attirer le chaland : une couverture sublime, une belle promesse (on parle tout de même de Merlin !) et une intrigue qui s’annonce trépidante.

Eh bien son contenu vous offrira réellement tout ça, et même bien plus encore.
Le ton est enjoué et cette histoire est vraiment drôle, avec un Merlin super grincheux, une Morgane peste comme pas deux et une Aliénor super attachante mais pas tombée de la dernière pluie non plus. En prime, vous y rencontrerez également un Lancelot un peu benêt sur les bords, un Ankou têtu et plein d’autres personnages savoureux. Autant de personnages qui sortent de leurs stéréotypes et sont capables de surprendre le lecteur pour mieux le mener par le bout des lunettes.
Ce roman mêle habilement vieilles légendes, notamment arthuriennes et intrigue dynamique. On ne s’ennuie pas un seul instant (et on rit beaucoup). C’est loufoque, abracadabrantesque et vraiment la promesse de passer un bon moment. Une petite mise en garde pour les amateurs et connaisseurs des légendes arthuriennes, toutefois… Elles sont ici largement revisitées, ce qui peut choquer les plus puristes.

Un caillou dans la poche

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De Marie Chartres
Illustré par Jean-Luc Englebert

Un caillou. L’île où vit Tino n’est pas beaucoup plus grande qu’un caillou. La plupart de ses 216 habitants sont vieux et jamais rien ne se passe. Tino rêve qu’un jour quelque chose vienne de la mer, comme une baleine ou un chercheur d’or. Ou bien qu’il découvre un caribou au milieu des fougères. Mais le bateau n’amène qu’une classe venue visiter l’île. Tino ne sait pas encore qu’il va faire la rencontre la plus extraordinaire de sa vie.

Un petit roman tout doux.
Amateurs d’actions, de péripéties, de blagues poilantes, passez votre chemin. Ici on est plutôt dans l’introspection. Car voyez-vous, Tino rêve de grandes choses et là, sur son île, il attend que ces grandes choses arrivent. La rencontre avec une élève du continent venue en “expédition scolaire” et une belle amitié naissante l’amènera à ouvrir les yeux sur son quotidien, sur ses aspirations, sur lui-même. Il réalisera que l’aventure et le bonheur peuvent être juste là à portée de main, tout simplement.
Malgré quelques longueurs, le texte simple et touchant est tout en sensibilité et en poésie, comme un petit bonbon au miel. Il se lit avec plaisir et parle aux cœurs d’enfants.

Série Joker

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Susie Morgenstern
Paru chez l’Ecole des loisirs

Joker

Un joker pour rester au lit.
Un joker pour être en retard à l’école.
Un joker pour ne pas faire ses devoirs.
Etc.
Non, ce n’est pas une liste de réclamations écrite par un élève naïf et paresseux. C’est comme ça que ça se passe dans la classe d’Hubert Noël.
Et ne croyez pas non plus qu’Hubert soit un instituteur paresseux. Au contraire, il a décidé d’apprendre énormément de choses à ses élèves. Des choses qui ne sont pas toujours au programme, mais qui sont indispensables pour aimer la vie.

Un petit roman très court qui aborde la relation maître-élève et l’enseignement différemment.
Et si tous les apprentissages étaient des cadeaux offerts aux élèves ? Et si la relation était basée sur une bonne entente mutuelle et non sur un rapport de force ? Et si la bienveillance était une forme de magie ? C’est la “méthode” d’Hubert !
Et ça fonctionne… Il faut dire que dans la classe d’Hubert, il n’y a pas de vilaine forte tête et tout le monde se laisse séduire. Pour pimenter un peu tout ça, on a une directrice obtuse, malfaisante et irrécupérable…
Seul bémol, le sport est le grand absent et tout comme Laurent (je crois), c’est regrettable.

Le ton est léger, le propos bon enfant, ça se lit tout seul en souriant quel que soit le côté de la barrière où l’on se trouve.

Maître Joker

Hubert Noël n’aimait pas être à la retraite. Il mangeait et s’ennuyait beaucoup trop. Bien sûr, ses anciens élèves étaient contents de le croiser : comment oublier le professeur qui avait inventé le joker pour ne pas aller à l’école ou celui pour danser en classe ? Alors quand on lui propose de devenir directeur, Hubert reçoit la nouvelle comme un cadeau tombé du ciel. Il va enfin pouvoir créer l’école de ses rêves, même si cela ne semble pas plaire à tout le monde…

Veine, l’académie demande à Hubert Noël (mis à la retraite contre son gré) de reprendre du service. Cette fois, on ne sera plus dans une classe mais dans la gestion de l’école. Hubert tentera d’appliquer ses idées en grand, en imaginera des nouvelles et ne ménagera pas ses efforts. Il devra faire face à une représentante syndicale remontée comme un coucou suisse et des enseignantes parfois dubitatives. Son atout ? Ne pas s’imposer, savoir déléguer, dialoguer.

Le ton reste léger pour cet opus un peu plus long. Les personnages sont malheureusement trop caricaturaux, même si cela peut sembler “nécessaire” pour amener le propos. La lecture reste toutefois intéressante et plaisante. On passe un bon moment en tordant le cou à un certain nombre d’idées reçues !

Les deux romans se lisent très bien à la suite, pour une histoire plus longue et complète.