Monthly Archives: October 2018

La fille cachée du roi des Belges

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La fille cacheeDe Brigitte Smadja
Paru chez L’Ecole des loisirs

Dans une classe, il y a les éléments perturbateurs, mais il y aussi les éléments perturbants. C’est le cas de Bérangère, la nouvelle élève de CM2 toute auréolée de mystères. Chaque matin, elle arrive à bord d’une voiture de luxe, accompagnée d’un homme en costard. Dans la classe de CM2 courent les hypothèses les plus folles. La nouvelle serait témoin clé dans une affaire de meurtre, elle aurait tué ses parents, elle serait la fille cachée du roi des Belges.
Très vite, il y a les pro et les anti Bérangère…

Avec un titre pareil et une couverture plutôt mystérieuse, ce petit roman fait forcément envie.

Pourtant, il n’a pas tenu toutes ses promesses en ce qui me concerne. Il m’a manqué un soupçon de magie, une dynamique. J’aurais également apprécié un humour plus marqué.
Les jeunes lecteurs risquent par ailleurs de tiquer sur le “non-dénouement” et de ressentir une certaine frustration.
Tant que je suis dans les critiques, j’ai ressenti un décalage entre le niveau de langage et l’âge cible. Si on considère que de nombreux enfants peuvent encore avoir des difficultés de lecture en CM2, ils ne pourront s’en sortir avec ce registre.

Par conséquent, même si La fille cachée du roi des Belges est bien écrit, avec une intrigue menée comme une mécanique bien huilée, je crains que le plus grand nombre ne se sente pas concerné, voire décroche en cours de route. Je l’ai pour ma part testé sur de très bons lecteurs et certainement pour un petit peu toutes ces raisons, la mayonnaise n’a pas pris…

La chose perdue

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LaChosePerdueDe Shaun Tan
Traduction Anne Krief
Paru chez Gallimard jeunesse

J’étais à la plage, je complétais ma collection de capsules de bouteilles. C’est alors que j’ai vu la chose. J’ai dû la regarder un bon moment. Il faut dire qu’elle avait l’air très bizarre, à la fois triste et un peu perdue. Plantée sur le sable, pas vraiment à sa place. Mais elle s’est montrée très amicale. J’ai joué avec elle une bonne partie de l’après-midi. Les heures passant, il devenait de plus en plus évident que personne ne viendrait la chercher.
Je l’ai emmenée chez Pete. Pete a un avis sur à peu près tout. Il m’a dit : « Je peux pas te dire, vieux. C’est vraiment bizarre. Peut-être qu’elle n’appartient à personne. Peut-être qu’elle ne vient de nulle part. Il y a des choses comme ça… tout simplement perdues ».

Un grand et beau livre dont la couverture interpelle.
Un grand et beau livre dont le contenu interpelle.

L’histoire est très courte et toute simple. Il y a néanmoins matière à creuser profond. Chacun peut se faire sa propre interprétation, c’est la force de ce récit. Pour ma part, j’y ai vu une critique du monde “moderne” où chacun se regarde le nombril et ne s’occupe pas du reste. Pourtant, ici, le personnage prendra en charge cette chose qui lui semble perdue. Une fois encore, la réaction de ses parents face à l’inconnu sera sans appel : on ne sait pas d’où vient cette chose et on ne la connait pas, il faut la remettre là où elle était et l’oublier. CQFD.

Les images sont d’une richesse incroyable. Toutes en douceur et en poésie malgré le choix de l’ambiance industrielle. De taille variable, parfois axées sur des détails, elles donnent une sacré profondeur au récit. On a vraiment l’impression d’entrer dans un univers. Les fonds en arrière-plan ne sont pas en reste et sont truffés de petites pépites à découvrir. Il faudra d’ailleurs certainement plusieurs lectures pour que notre cerveau puisse intégrer tout cela.

Le livre est accompagné d’un DVD qui propose un court métrage en anglais. Il reprend le cheminement du livre, avec quelques ajouts et enchaînement plus développés et est absolument sublime !

Ce bel objet est un immense coup de cœur !

Quatre sœurs – Tome 4 Geneviève

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Quatre soeursDe Cati Baur d’après le roman de Malika Ferdjoukh
Paru chez Rue de Sèvres

Dans ce quatrième et dernier tome, tous les cœurs battent la chamade au rythme d’un été plutôt mouvementé ! Geneviève vend des glaces sur la plage, et fond pour Vigo, le beau ténébreux aux manières très singulières. Hortense et Enid jouent à Robinson sous les toits de Paris. Quant à Bettina, partie camper en compagnie de Denise et de Béhotéguy chez une cousine invisible, elle essaie d’oublier Merlin…
Charlie, elle, ne sait absolument plus où son cœur se pose…

Un dernier tome aux accents estivaux (donc encore tout juste de saison, cette année !). La discrète Geneviève sera ici au centre du récit. Elle imprimera sensibilité et délicatesse à ce tome. À la Vill’Hervé, la vie palpite plus que jamais… Et les cœurs aussi ! On retrouve toutes les sœurs Verdelaine avec grand plaisir pour une ultime tranche de vie qui se termine sur une note résolument optimiste. Cela permet au lecteur de fermer ce dernier livre de la série sans pincement.

Cette série est une belle adaptation des romans, très réussie. Elle se clôture parfaitement avec ce quatrième tome.

Le Paris des merveilles, tome 1 Les enchantements d’Ambremer

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Paris des merveillesDe Pierre Pevel
Paru chez Bragelonne

Paris, 1909. La tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes se baignent dans la Seine, des farfadets se promènent dans le bois de Vincennes… et une ligne de métro relie la ville à l’OutreMonde, le pays des fées, et à sa capitale Ambremer. Louis Denizart Hippolyte Griffont est mage du Cercle Cyan, un club de gentlemen-magiciens. Chargé d’enquêter sur un trafic d’objets enchantés, il se retrouve impliqué dans une série de meurtres. L’affaire est épineuse et Griffont doit affronter bien des dangers: un puissant sorcier, d’immortelles gargouilles et, par-dessus tout, l’association forcée avec Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien…

Un roman qui allie fantasy et Belle époque : un mariage très heureux !
L’univers est par conséquent riche et original.
L’intrigue est elle aussi à la croisée de plusieurs catégories : un fond d’histoire, une dose de fantasy et une louchette d’enquête “vintage”. Elle ménage de l’action et des rebondissements, pour tenir le lecteur en haleine.
Les personnages sont quant à eux très attachants et de fort tempérament.

Tout cela donne un excellent moment de lecture, avec un roman qui, même s’il ne date ni d’hier ni d’aujourd’hui, renouvelle résolument la littérature de l’imaginaire. D’autant que l’on sent qu’il y a encore un bon potentiel à développer !!!

Riquette à la coque

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RiquetteDe Daniel Henon
Paru chez L’Ecole des loisirs

Prenez une princesse intelligente, mais physiquement assez biscornue, que sa mère la reine appelle Riquette. Prenez ensuite un prince, si bête mais si beau que ses parents l’on prénommé Beau. Accordez à chacun un don magique : à l’une, le don de rendre intelligent celui qu’elle chérira ; à l’autre, d’embellir l’élue de son cœur. Maintenant, il suffira que ces deux-là s’aiment pour que tout soit arrangé. Mais… est-ce si simple, de tomber amoureux ?

Bien que le point de départ de cette histoire soit le conte de Riquet à la houpe, il s’agit ici d’une version remaniée en totale liberté.

Une histoire peu conventionnelle où c’est le prince qui est beau mais stupide et la princesse qui est pleine d’esprit et aventurière (elle est sensée être laide mais personnellement je la trouve plutôt mignonne sur les illustrations !). Rien ne se passera comme prévu, bien sûr, même si tout finit bien, conte oblige. Cet album abordera l’air de rien les thèmes de l’apparence, l’intelligence, le pouvoir de l’amour pour transformer les êtres, l’anticonformisme et piétinera joyeusement quelques idées reçues et vieux clichés.

Par ailleurs, l’objet livre, avec sa couverture mate toute douce est très beau… Jusque dans les détails, avec du papier ivoire bien épais et un marque-pages ruban.

Le monde de Lucrèce, tome 2

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Le monde de Lucrece2D’Anne Goscinny
Illustrations  Catel
Paru chez Gallimard jeunesse

Débordée, Lucrèce ? Vous plaisantez ! Entre un exposé hyper-urgent avec les Lines, une invitation à un concert surprise et les rendez-vous secrets de Scarlett, elle trouve encore le temps de prendre un cours de claquettes …

Ce second tome est sorti la semaine dernière et le troisième est prévu pour le printemps 2019. Le rythme est rapide. Peut-être trop car les lecteurs cibles du premier tome ne grandiront peut-être pas assez vite. A voir…

J’aime tester les séries sur plusieurs tomes. Le second est malheureusement souvent en retrait. Ce n’est pas le cas ici. Je l’ai même préféré au premier. On retrouve cette distance et ce ton pas très ado au départ mais cela s’estompe ensuite et les péripéties s’enchaînent très bien. Ce tome installe une bonne légèreté.
Par contre, je n’apprécie toujours pas l’abus du terme “loufoque”…

Les illustrations sont toujours aussi pétillantes, les personnages attachants.
La série se met bien en place et ce tome 2 est réussi.

Le monde de Lucrèce, tome 1

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Le monde de LucreceDe Anne Goscinny
Illustrations Catel
Paru chez Gallimard jeunesse

Cette année, Lucrèce fait sa grande rentrée en 6e. Pas facile quand on a une mère archi débordée, un beau-père qui vous pique vos devoirs de maths, un demi-frère geek, un père artiste très abstrait et une grand-mère qui se prend pour une star de cinéma… Par bonheur, il y a Aline, Coline et Pauline : entre Lucrèce et les Lines, c’est amies pour la vie !
Entre copines, bestioles de compagnie et drôle de famille, la vie loufoque et tendre d’une nouvelle héroïne pleine de malice.

J’ai trouvé ce roman mignon. C’est assez drôle, ça se veut léger. Il peut aider les collégiens tout neufs à dédramatiser. La famille de Lucrèce est sympathique et donne une ambiance cool….

Pour autant, il donne l’impression d’être vu de l’extérieur, de façon un peu décalée, alors qu’il est sensé donner un point de vue de l’intérieur justement : le ressenti et la vie de Lucrèce au collège. C’est assez dérangeant. L’utilisation abusive du terme “loufoque” m’a par ailleurs un poil irritée. Disons que les premières fois, ça fait sourire, mais ensuite, c’est un peu too much.

Petite déception, donc sur ce roman jeunes lecteurs qui reste néanmoins agréable à lire même si, pour moi, il n’a pas tenu toutes ses promesses.

The end

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The EndDe Zep
Paru chez Rue de Sèvres

Dans le cadre d’un stage, Théodore Atem intègre une équipe de chercheurs basée en Suède qui travaille sur la communication des arbres entre eux et avec nous. Ce groupe de travail dirigé par le professeur Frawley et son assistante Moon, tente de démontrer que les arbres détiennent les secrets de la Terre à travers leur ADN, leur codex. C’est en recoupant ces génomes avec la mort mystérieuse de promeneurs en forêt espagnole, le comportement inhabituel des animaux sauvages et la présence de champignons toxiques que le professeur comprendra, hélas trop tard, que ces événements sonnent l’alerte d’un drame planétaire ?

C’est assez court mais plutôt bien mené et totalement maîtrisé. On devine progressivement ce qu’il va se passer. Il n’y a pas de surprise majeure, jusqu’à l’épilogue. A priori, l’idée n’est pas de surprendre le lecteur mais de l’amener à réfléchir sur la place de l’Homme dans la nature et donc sur la Terre.

L’histoire est intéressante et prenante, je n’avais encore pas rencontré le thème “apocalyptique” dans un roman graphique. Tout cela avec les Doors en musique de fond, suggestion musicale totalement dans l’ambiance !

Les images sont soignées et très belles. J’avoue que la couverture très flashy m’a fait un peu peur mais il faut toujours mieux se faire une idée concrète plutôt que de juger hâtivement. Eh bien, je confirme que ça valait totalement le coup d’ouvrir ce livre ! La sobriété des couleurs de l’intérieur donne une ambiance étrange, parfaitement dans le ton.

C’est profond, c’est beau et ça mérite absolument d’être lu !!!

La passe-miroir livre 3 – La mémoire de Babel

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LaPasseMiroirDe Christelle Dabos
Paru chez Gallimard

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?

Que dire ? L’attente entre chaque tome est longue mais délicieuse également. Non non je ne suis pas tombée sur la tête ! Tout simplement, l’attente permet d’oublier suffisamment l’intrigue, pour mieux s’y replonger ensuite.
Pour ma part, j’ai relu le livre 2 avant d’attaquer celui-ci. Ma fille a recommencé du 1.
Toujours est-il que l’on retrouve notre héroïne à l’écharpe. Notre metteuse de pieds dans le plat préférée. Ce choix d’une héroïne si peu conventionnelle fonctionne en effet parfaitement car on s’y attache, on admire son parcours, on a envie de la soutenir et on peut même s’y identifier un peu. Elle est parfaite !

Elle nous mènera cette fois sur l’arche de Babel. C’est une formidable idée de nous faire changer d’arche : nouveau décor, nouvelle ambiance, nouvelles règles. On ne s’ennuie pas une micro-seconde !

Ce livre 3 reste sur un niveau d’excellence jusque dans les angles : une intrigue qui dépote, du suspense, des personnages hauts en couleur, un personnage principal qui évolue (grandit ?), une maîtrise parfaite du texte, un univers extraordinaire et une sacré pirouette finale.

Un livre tellement passionnant qu’il se lit en un battement de cils malgré son tour de taille assez conséquent.
Cette série renouvelle formidablement la littérature fantastique. Merci !

Le pèse-claques

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Le pese claquesDe Mathilde Lossel
Paru chez Didier jeunesse

« Vos enfants vous mentent ? Vos enfants font d’énormes bêtises ? Vous en avez assez de vous faire mener en bateau ? Grâce au Pèse-claques, justice sera faite de façon MA-THÉ-MA-TIQUE. Sachez que la machine ne se trompe jamais ! »
Quelle machine ? Le Pèse-claques du génial M. Kamlott, pardi. Très vite les parents sont accros, ils envoient leurs enfants recevoir leur juste punition et applaudissent au spectacle. Pour la jeune Tabatha, il n’est pas question de se laisser faire ! La rébellion des enfants est en marche…

Cet album fait partie de la collection Mon marque-page et propose donc un marque-page détachable sur le rabat de couverture, ce que je trouve toujours aussi génial.

La couverture aux couleurs vives donne envie de l’ouvrir. Le récit est d’ailleurs agrémenté de quelques illustrations. C’est parfait pour l’âge cible !

L’histoire est rigolote et très dynamique.

Le fond est quant à lui un peu étrange : les parents se délectent de voir leurs enfants punis (en public !) et en redemandent. Dans cette histoire, les parents sont démissionnaires : lorsque la machine tombe en panne, les enfants peuvent faire autant de bêtises qu’ils le souhaitent… Le reste du temps, ils s’en remettent à la machine. Côté enfants, les bêtises et le franc-parler sont rois.
Lorsque l’on voit quel est le quotidien des enseignants de collège, on peut raisonnablement se demander si un tel contenu est raisonnable, même à vocation humoristique…

Pour autant, cette lecture en famille nous a beaucoup amusés, comme quoi on peut rire de tout !