Monthly Archives: March 2019

Un été d’enfer

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Un ete denferDe Vera Brosgol
Paru chez Rue de Sèvres

Dans cette oeuvre autobiographique on découvre l’autrice à dix ans : venue de Russie, elle peine à s’intégrer aux États-Unis où elle s’est installée avec sa mère, son petit frère et sa petite soeur. Ses amies américaines vont chaque été dans de luxueux camps de vacances, qui font rêver Vera mais qui sont bien trop chers pour sa mère. Alors quand elle entend parler d’un camp d’été pour immigrés russes aux États-Unis, elle saute sur l’occasion ! Mais entre la cabane à toilettes insalubre, les randonnées épuisantes et les animaux dangereux, les vacances de rêve se transformeront vite en cauchemar…

Sous un vernis de légèreté, que ce roman graphique est dur. Il y est question d’intégration. Véra, arrivée de Russie se sent différente et n’est pas traitée avec bienveillance par ses camarades d’école. Pour autant au camp scout réservé aux enfants russes, elle n’aura pas la vie facile non plus. Parce que les autres se connaissent déjà, parce qu’elle est maladroite, parce qu’il faut rentrer dans le moule, parce que le moindre faux pas peut coûter, parce que la vie en communauté n’est pas toujours facile. Pourtant, Véra est un miracle d’optimisme. Elle trouve toujours moyen d’aller de l’avant…

Évidemment, on termine sur une note relativement heureuse en laissant supposer que Vera a enfin trouvé sa place dans cette communauté, mais ce roman graphique laisse malgré tout un petit goût amer.

En attendant Bojangles

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EnattendantBojanglesD’Olivier Bourdeaut
Paru chez Finitudes

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.

L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

Des personnages forts et ô combien attachants, un texte finement ciselé, voilà un roman apte à séduire un large public, toutes générations confondues.
Un roman qui mérite indéniablement son succès. Cet avis s’ajoute donc au cortège de louanges !
Le récit à la fois émouvant, sincère (le comble vu le thème !) et drôle m’a totalement emportée.

L’homme qui voulut peindre la mer

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Lhomme qui voulut peindre la merDe Tristan Koëgel
Paru chez Didier jeunesse

À Gibraltar, une pâtissière ensorcelle ses clients avec des gâteaux,
À Marseille, une coiffeuse est face au cadavre de son patron,
Et à Raguse, un homme souhaite emprisonner la mer sur sa toile…

Sept récits traversent ainsi les époques, de l’antiquité à nos jours, et la Méditerranée, comme autant de visions vibrantes et fantastiques où se jouent des destins, des terreurs, des désirs.

Des nouvelles très courtes mais avec, pourtant une grande portée. Elles stimulent en effet l’imagination et la réflexion, avec un je-ne-sais-quoi d’envoûtant. Chacune est une petite histoire en soi, avec des personnages détaillés, une réelle intrigue et un vrai rythme. Chacune continue à tourner dans la tête bien après la lecture…

Si les textes sont assez sombres et complexes, ils ne sont pas dénués d’émotions. Ce sont des textes vivants, remuants et sans concession, comme la mer qu’ils célèbrent. Elle est d’ailleurs le trait d’union entre ces histoires totalement différentes.
Pour ma part, je ne rangerais pas ce recueil en “jeunesse” mais en tout public, grands ados à adultes.

Summer kids

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SummerKidsDe Mathieu Pierloot
Paru chez L’Ecole des loisirs

Pour Antoine et ses amis, l’été qui commence sépare les années lycée de l’entrée à l’université. Si tous (Mehdi, Hannah, Alice) savent déjà ce qu’ils vont faire, ce n’est pas son cas. En pleine incertitude, y compris familiale car sa mère a un nouveau compagnon qui ne lui plaît guère, Antoine broie du noir depuis qu’Hannah et lui ont rompu. Faute de mieux, entre deux fêtes trop arrosées, il se console dans les bras d’une jolie blonde et accepte un petit boulot dans une maison de retraite. Mais le temps presse, et il faudra bien qu’il décide ce qu’il veut faire de sa vie, avec ou sans Hannah.

Une histoire “banale” d’un couple d’ados qui se sépare donne ici prétexte à une sorte d’introspection du personnage principal : faut-il s’engager ou pas, que faire de sa vie, quel sera l’avenir des amitiés d’enfance ?

Le texte est court, incisif et pourtant plein de tendresse…
Même si le personnage principal patauge un peu dans la semoule, le récit ne se laisse pas aller au pathos, bien au contraire. L’humour est omniprésent et permet de dédramatiser.

Une lecture agréable et plutôt légère finalement.

La Tresse

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TresseDe Laetitia Colombani
Paru chez Grasset

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.

Trois femmes différentes menant une vie tout aussi différente. Elles n’ont pas de points communs, à part celui de prendre leur destin en main et de refuser de se laisser dicter leur conduite.

Les trois histoires qui se déroulent en parallèle sont passionnantes et on passe de l’une à l’autre avec plaisir (ce qui n’est pas toujours le cas avec ce genre de structure alternée), avec une petite pirouette finale qui permet de les relier.
Ce roman, très agréable, se lit vite et met du baume au cœur.