Tag Archives: Marie-Aude Murail

Miss Charity, tome 2 Le petit théâtre de la vie

Standard

Adaptation graphique de Loïc Clément et Anne Montel
D’après le roman de Marie-Aude Murail
Paru chez Rue de Sèvres

À 15 ans, Charity n’est plus vraiment une enfant. Tandis que sa mère songe à la faire entrer dans le monde, la jeune fille curieuse peine à trouver ses marques dans la vie. Loin de ses précepteurs Herr Schmall et Blanche, plongée en pleine tragédie, ses passions d’antan ne suffisent plus à la stimuler complètement. Charity va dès lors découvrir les joies de l’insouciance auprès d’Ann, sa cousine frivole, mais sera également confrontée aux moments douloureux de l’existence avec son pauvre cousin Philip et l’intense Tabitha.

Ce second tome est tout aussi réussi que le premier. On y retrouve cette ambiance particulière, que les aquarelles et couleurs d’Anne Montel mettent si bien en place. Le style est agréablement vintage comme il se doit, sans faire vieillot pour autant. Et quelle douceur dans ces illustrations ! Il s’agit sans doute de l’effet “aquarelle” qui apporte une réelle sensibilité et beaucoup de délicatesse. Le choix des couleurs vient encore renforcer cette douceur. Par ailleurs, “douceur” ne rime pas ici avec mollesse. Bien au contraire, la mise en page des planches est audacieuse et variée et le scénario parfaitement dosé. Tout cela forme un bel écrin à la hauteur de la personnalité de notre héroïne, Charity, qui s’affirme en grandissant sur la voie de l’anti-conformisme, une voie audacieuse pour la gent féminine de l’époque.
Le scénario alterne entre moments tendres, passages drôles et drames, nous offrant ainsi une très belle aventure humaine dont on sort avec le sourire et des étoiles plein les yeux.

Sauveur & fils, saison 7

Standard

De Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

En trois ans, bien des choses se sont passées au 12, rue des Murlins. Le Covid a semé la pagaille et Sauveur s’est pris de plein fouet une vague de troubles psy générés par la pandémie. Il est débordé alors qu’il devrait s’occuper davantage de Léo, sa fille de dix-huit mois, mieux épauler sa femme, voir ce qui cloche chez Paul, faire la demande d’adoption du petit Grégoire, rendre visite à Koslo toujours plongé dans le coma depuis trois ans.
Et s’il veut enfin dormir, il devrait arrêter de boire autant de café pour se mettre à la chicorée. Car il est fatigué, très fatigué, tout comme ses patient·e·s.
Ariane Peugeot, jeune prof de SVT, est à deux doigts de démissionner, mais s’inquiète pour sa classe de CP, les Causes Perdues, ces élèves de la 4ème poubelle de son collège. Alma Labatut, conseillère pénitentiaire, a elle aussi envie de jeter l’éponge et de lâcher son groupe de parole d’hommes violents. Des CP, eux aussi ? Mais les causes perdues ne sont jamais désespérées. A condition d’y croire. Et Sauveur y croit.

Après une longue interruption, voici la saison 7 de Sauveur & fils. Les précédents tomes s’étaient plutôt bien enchaînés, il semblait donc probable que l’aventure en resterait  là. Mais fort heureusement, ce n’est pas le cas et quel bonheur de retrouver le si charismatique Sauveur, sa famille et ses patients. Il faut en effet avouer que tout est passionnant, dans ce roman, autant le côté rue, avec l’activité de psy de Sauveur, que le côté jardin, avec sa vie perso.
Les premières craintes quant à une baisse de niveau éventuelles sont vite balayées et le lecteur replonge aussi sec dans cette sympathique ambiance, avec l’impression de retrouver des vieux copains. Le rythme est dynamique malgré un lapse de temps court (trop court, indubitablement) et le côté “tranche de vie”.
Sauveur & fils continue de fonctionner du tonnerre et se positionne à la pointe de l’actualité, avec une évocation des confinements et de l’impact de la covid sur nos vies. Toujours avec justesse, sans stigmatiser. C’est une saga plaisante à lire et qui fait du bien au moral.  Un vrai doudou !

Angie !

Standard

De Marie-Aude et Lorris Murail
Paru chez L’Ecole des loisirs

Le Havre, son port, ses docks et ses trafics en tous genres. Y a t-il un lien entre la cocaïne découverte dans le container d’un négociant de café et la disparition d’un jeune docker aux mains tatouées ? Le capitaine de police Augustin Maupetit en est persuadé. Mais comment pourrait-il enquêter alors qu’il est cloué en fauteuil roulant et cloîtré dans son appartement ? Sa voisine de palier, Angie Tourniquet, 12 ans, se révèle une parfaite coéquipière. Il y aussi Thérèse, la tante médium qui joue du pendule comme personne, Capitaine, un chien renifleur dont la tête a été mise à prix par les narcotrafiquants, Alice Verne, la jeune commissaire. A eux les jambes, à Augustin la tête. Mais voilà qu’un drôle de virus venu de Chine se répand dans le pays, le président Macron s’apprête à faire une allocution télévisée. On parle d’un grand confinement… Comment mener l’enquête au temps du Covid ?

Marie-Aude Murail fait partie des autrices pour lesquelles je plonge sans hésiter. Ici on sort un peu de son style de prédilection, avec un roman policier, écrit à quatre mains.
Tout d’abord, les personnages sont très bien campés et terriblement attachants, chacun avec ses défauts. J’aime trouver une belle brochette de personnages à forte personnalité. Ils ont chacun leurs convictions, leurs envies, leurs peurs. Ils sont humains, quoi ! Que ce soit les policiers, les syndicalistes, les patrons, l’ado ou les autres, tout le monde est parfait dans son rôle, sans se noyer dans les clichés.
L’ambiance est bien installée. Elle se met en place à grands coups de pinceaux, franchement, on y est.
Enfin, l’intrigue va crescendo. Sans être révolutionnaire du genre policier, elle fonctionne très bien et est suffisamment riche pour conquérir le lecteur avec une histoire palpitante. On se régale ! Angie garantit un très bon moment de lecture. En ce qui me concerne, il n’était pas absolument indispensable de faire intervenir la pandémie de covid dans ce roman mais bon, ça le rend d’autant plus contemporain…

Bonne nouvelle, on tient peut-être le point de départ d’une nouvelle série sympathique.

Sauveur & fils saison 6

Standard

De Marie-Aude Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

Jamais une psychothérapie n’a autant ressemblé à une enquête policière que dans cette saison 6. Qui est cet homme qui veut être reçu à 7 heures du matin au 12, rue des Murlins et qui a l’air de connaître la maison de Sauveur comme s’il y avait déjà vécu ? D’où vient Gilbert le Démon qui persécute la jeune Sarah en lui criant à l’oreille des insanités ? Pourquoi Ghazil Naciri a-t-elle volé une clé dans le sac de sa prof de SVT ? Qu’est-ce que Kimi va faire de ce revolver qui lui est tombé entre les mains ? Et Jovo, mythomane ou psychopathe ? Va-t-on enfin connaître son passé ? Si vous n’avez pas toutes les réponses en saison 6, c’est qu’il y aura une saison 7.

A chaque tome je me dis que j’arrête pour ne pas gâcher (ça m’embêterait franchement car c’est une saga que j’affectionne particulièrement) et puis je cède… C’est un peu une série doudou. On s’attache très vite aux personnages, avec leurs qualités et leurs défauts, et c’est agréable de les retrouver, dans un cadre familier.

Si les deux derniers tomes étaient un peu en-dessous, celui-ci renoue avec la veine des débuts, avec notamment un premier chapitre extrêmement réjouissant ! Après cette ouverture fantastique, le récit coule tout seul, plutôt centré cette fois sur le travail de Sauveur. Comme chaque fois, l’autrice nous embarque. Mêlant habilement humour et petites vérités, elle nous offre un récit plein de tendresse et de délicatesse. Elle sait viser juste. Les réflexions font mouche, sans être moralisatrices. On se régale !
Si vous n’avez pas encore commencé cette saga, n’hésitez pas et si vous n’étiez pas sûr de poursuivre, n’hésitez pas non plus !

Sauveur & fils, saison 5

Standard

Sauveur5De Marie-Aude Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

Alors que deux années se sont écoulées depuis le précédent volume, le lecteur replonge dans la vie de Blandine et Margaux Carré, Samuel Cahen, Lionel et Maïlys, Ella-Elliot, Frédérique Jovanovic et la famille recomposée de Sauveur. Louane se réconforte grâce à ses animaux et Madame Tapin découvre le féminisme à 81 ans.

Mais quelle surprise. Tout le monde pensait cette saga clôturée après le tome 4 !
La joie de retrouver Sauveur, sa tribu et ses satellites n’en est pas moins vive. C’est un peu comme retrouver des bons copains.
Rien de révolutionnaire dans ce nouveau tome, mais ce n’est pas l’esprit de cette saga. Pour autant, les retrouvailles sont très agréables et on plonge immédiatement de nouveau dans cet univers. Toujours aussi juste, toujours aussi drôle, toujours aussi sensible… le tome 5 est une réussite malgré une couverture kitchissime !

Miss Charity tome 1 – L’enfance de l’art

Standard

Miss CharityDe Loïc Clément et Anne Montel, d’après le roman de Marie-Aude Murail
Paru chez Rue de Sèvres

En 1880, Charity est une petite fille de la bonne société anglaise. Endeuillée par la mort de ses petites soeurs, sa famille lui accorde peu d’attention ; aussi se réfugie-t-elle auprès de sa bonne, Tabitha. Elle élève également des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope et apprend Shakespeare par coeur, espérant qu’un jour quelque chose rompra sa solitude.

N’ayant pas lu le roman de Marie-Aude Murail, je ne peux juger de la fidélité à celui-ci. Ce premier tome traite la tendre enfance de Charity. Avec des illustrations aux couleurs douces et des planches dans un esprit botanique naturaliste, ce roman graphique est très séduisant. La couverture raconte à elle seule une véritable aventure. Les illustrations foisonnent de détails, y compris celles qui ne concernent pas les sciences naturelles mais le fil de l’histoire.

Le récit sait rester simple et authentique tout en étant rythmé, intelligent et plein d’humour. Le propos est passionnant. L’ambiance est très sympa et on s’attache très vite à Charity, enfant solitaire et timide mais pleine d’allant.

C’est une très belle collaboration fine et délicate, pour une histoire pleine de tendresse et que l’on ait lu ou non le roman, cette adaptation graphique vaut le détour.

Malo de Lange Anthologie

Standard

Malo de LangeDe Marie-Aude Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

Malo de Lange est le fils de personne. Rien ne permet d’identifier l’enfant recueilli en 1822 par l’abbé Pigrièche à l’orphelinat de Tours. Rien, sauf une marque tatouée sur son épaule, la fleur de lys des bagnards que découvrent, horrifiées, les demoiselles de Lange qui viennent de l’adopter. Quels mystères se cachent derrière l’abandon de ce mystérieux enfant blond ? Quelle est donc sa véritable identité ? Un roman d’aventures écrit à la mode des feuilletons du XIXe siècle, qui plonge le lecteur au cœur des rues du Paris de 1822, dans les ombres desquelles se tapissent bandits, voleurs et assassins.

Sous la belle plastique de cette anthologie se cache une trilogie : Malo de Lange, fils de voleur – Malo de Lange, fils de Personne – Malo de Lange et le fils du roi.

L’ambiance est très originale pour un livre jeunesse : le Paris des années 1800. Les jeunes lecteurs pourront donc s’immerger dans une véritable fresque historique. Par ailleurs, le côté policier rend toutes ces aventures palpitantes. Il y a de la passion, du sang, des larmes. Le récit ne fait rien à moitié et offre un divertissements passionnant, plein de rebondissements et haut en couleurs. Un vrai livre de grand ! Celui lui permet d’avoir une cible assez large.

Les personnages sont très attachants, le père est une sorte de Jean Valjean en plus sombre, quand à Malo, avec sa tête et son patronyme d’ange, il est parfait. On s’attache très vite à lui et j’ai le plaisir de pouvoir que ce personnage tient toutes ces promesses. Les personnages secondaires sont tout aussi peaufinés et sympathiques.

Vous l’aurez compris, ce coup de cœur est donc la perspective d’une excellente lecture !

Sauveur & fils – Saison 4

Standard

Sauveur&fils4De Marie-Aude Murail
Paru chez L’École des loisirs

Comment résoudre tous nos problèmes ? On peut, comme Jean-Jacques, s’enfermer dans sa chambre et ne plus penser à rien en dégommant des terroristes sur son ordinateur. On peut, comme Gabin, s’enfoncer des écouteurs dans les oreilles et passer ses nuits en compagnie des zombis de The Walking Dead. On peut aussi, comme Frédérique, demander à une voyante de lire l’avenir, ou bien, comme Jérôme, s’enfuir en abandonnant femme et enfants. Mais on peut également consulter monsieur Sauveur Saint-Yves, psychologue clinicien, comme Solo, comme Margaux, comme Samuel, comme Ella, et regarder la vie en face. Le bonheur sera peut-être au rendez-vous.

Et voilà, c’est le dernier. Il fallait bien que cette série s’arrête un jour…

Pourtant, quel plaisir de retrouver tout ce petit monde à chaque fois. Car à chaque fois, le petit pincement faisant craindre une histoire “moins bien” que les précédentes est rapidement balayé. Le lecteur est vite happé par le tourbillon et replonge avec délice dans le quotidien de Sauveur et toute sa troupe.
Comme dans les précédents tomes, l’histoire (ou plutôt les histoires) est passionnante, alternant entre les différents “mondes” de Sauveur qui reste le pivot central. C’est frais, ça pétille, ça coule tout seul. C’est un vrai plaisir.

Ce quatrième tome est peut-être un peu en retrait par rapport aux précédents. C’est bien que la série s’arrête là, avant qu’elle ne se dégrade… En tout cas, c’est un petit bijou débordant de sincérité, de tendresse, mais aussi d’humour.

Une série coup de cœur qui s’achève en beauté.

Sauveur & fils, saison 3

Standard

De Marie-Aude Murail
Paru chez l’Ecole des loisirs

Au numéro 12 de la rue des Murlins, à Orléans, vit Sauveur Saint-Yves, un psychologue antillais de 40 ans, 1,90 mètre pour 80 kilos.
Dans son cabinet de thérapeute, Sauveur reçoit des cas étranges.Mais Sauveur reçoit surtout la souffrance ordinaire des enfants et des adolescents : Maïlys, 4 ans, qui se tape la tête contre les murs pour attirer l’attention de ses parents, Ella, 13 ans, cyberharcelée par ses camarades de classe, Gabin, 17 ans, qui ne va plus au lycée depuis qu’il passe ses nuits dans World of Warcraft, Margaux, 15 ans, qui en est à sa deuxième tentative de suicide, ou sa soeur, Blandine, 12 ans, que son père aimerait mettre sous Ritaline pour la « calmer »…
Sauveur peut-il les sauver ? Il n’a que le pouvoir de la parole. Il ne croit pas au Père Noël, mais il croit en l’être humain.

On retrouve nos personnages préférés et quelques petits nouveaux, bien sûr.
Et surtout, la “tribu” Sauveur & cie. Les personnages sont toujours aussi attachants. L’humour reste présent. On craque forcément !

Pour autant, il ne s’agit pas seulement d’un divertissement, comme dans les tomes précédents, l’auteure en profite pour aborder des sujets de société : mal-être, familles séparées  et recomposées, dépendance à la technologie, etc. Des sujets très intéressants car ils nous touchent forcément, de près ou de loin. Les attentats terroristes font également leur entrée dans ce tome. Il est important d’en parler et Marie-Aude Murail le fait très bien.

On retrouve cette ambiance tellement agréable, sans avoir la pénible impression de déjà-vu, ce qui au bout de trois tomes est une prouesse.
Avec grand plaisir, sans se lasser, comme on retrouverait de vieux amis dont on est ravi de prendre des nouvelles.

Encore un sans-faute pour cette série !

Sauveur & fils – Saison 2

Standard

De Marie-Aude Murail
Paru chez L’école des loisirs

Au numéro 12 de la rue des Murlins, à Orléans, vit Sauveur Saint-Yves, un psychologue antillais de 40 ans, 1,90 mètre pour 80 kilos.
Côté jardin, il mène sa vie privée avec son fils Lazare de 9 ans et il a quelque espoir de reconstruire une famille avec Louise Rocheteau et ses deux enfants.
Côté ville, Sauveur reçoit ses patients. Parmi eux : Ella Kuypens, 13 ans, qui se travestit en garçon et chante Sans contrefaçon, de Mylène Farmer, devant son miroir, Blandine Carré, 12 ans, qui se shoote aux bonbons Haribo et fait un tabac sur YouTube avec ses vidéos de poupées Pullip, Gabin Poupard, 17 ans, qui est Elfe de la Nuit dans World of Warcraft et qui squatte le grenier de son psy dans le civil, Samuel Cahen, 16 ans, qui ne se lave plus mais s’étonne de collectionner les râteaux avec les filles, ou encore Alex et Charlie qui, comme leurs prénoms ne l’indiquent pas, sont deux jeunes femmes souhaitant avoir ensemble un bébé…

Décidément, les humains sont de drôles de gens.

Ce second tome reprend tranquillement où nous nous étions arrêtés ou presque. Nous retrouvons certains patients, de nouveaux font leur apparition. Même s’il est préférable d’avoir lu le tome 1 pour profiter de la continuité, le récit est suffisamment habile pour permettre de démarrer la lecture au tome 2.

Nous retrouvons ici l’ambiance et les spécificités qui faisaient le charme du premier tome. Un psy extraordinaire, des patients qui reflètent tellement notre société, des hamsters, des enfants hors du commun et une pincée d’épices antillaises.

Le rythme est dynamique, le ton n’a rien perdu de son mordant ni de son humour, le lecteur continue de se régaler, ravi de poursuivre ce nouveau bout de chemin avec des personnages auxquels il s’était déjà attaché.