Une saison pour les ombres

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De R. J. Ellory
Paru chez Sonatine

Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l’hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines d’acier. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n’y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups. Aussi quand le corps d’une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu’elle a été victime d’une bête sauvage.
Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu’elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d’une autre jeune fille est retrouvé.

Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu’il reçoit un appel de Jasperville. Son jeune frère, Calvis, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre. De retour sur les lieux de cette enfance, qu’il a tout fait pour oublier, Jack découvre qu’au fil des années, l’assassin a continué à frapper. L’aîné des Deveraux comprend alors que la seule façon de mettre fin à cette histoire tragique est de se répondre à certaines questions, parfois très personnelles. Mais beaucoup, à Jasperville, préfèrent voir durer le mensonge qu’affronter la vérité.

R. J. Ellory est doué pour créer des romans d’ambiance et celui-ci l’est tout particulièrement. L’ambiance (sombre) est installée avec maîtrise et elle fonctionne admirablement bien. Une tension psychologique s’installe au fil des pages, tandis que nous observons Jack se débattre avec ses démons du passé alors que son présent part en miettes. C’est d’ailleurs ce personnage complexe qui va porter toute l’histoire. Celle-ci se déroulera autour de ses doutes, son vécu, ses émotions en alternant passé et présent.
L’intrigue se met en place tranquillement, prend le temps de poser le décor, puis avance tout aussi tranquillement. On n’est pas du tout dans un roman d’action ! Et pourtant, malgré l’atmosphère pesante et quelques longueurs tout de même, le récit est très prenant, porté par le talent d’Ellory. Le lecteur est happé, comme un papillon qui ne peut résister à la lumière, et entraîné loin loin.

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