Les longueurs

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De Claire Castillon
Paru chez Gallimard

« Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t’a fait un sale coup? Je peux t’aider? Je te dépose au collège? »
Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d’art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il y a toujours une voie de réchappe. Les mamans savent, à peu près. D’instinct, elles devinent. À peu près. La mienne sait que dans sa fille quelque chose ne marche plus.

Avec des mots simples, par la bouche d’Alice, Claire Castillon nous entraîne dans le quotidien d’une petite puis moins petite fille sous l’emprise d’un pédophile, un prédateur qui tisse sa toile patiemment, de façon implacable. Ce parti-pris narratif permet aussi de raconter « sans filtre » et, je trouve, renforce le propos, avec une grande justesse, sans pour autant tomber dans la facilité. Le fait d’aborder les faits du point de vue de l’enfant change totalement la perception de la situation.

Le roman décrit des mécanismes implacables, prenant Alice dans ses engrenages et laissant le lecteur sans souffle devant ce simple fait : personne n’a rien vu, cela pourrait arriver à tout moment autour de nous et on ne s’en apercevrait pas plus. Et pour en revenir à l’histoire qui nous est racontée, cela coupe le souffle parce que justement c’est arrivé et parce que ça dure dans le temps mais aussi et surtout parce que c’est insupportable.
Un sujet presque tabou ou tout au moins peu abordé en littérature (jeunesse) mais qui est admirablement traité par Claire Castillon. Si vous devez n’en lire ou faire lire qu’un sur le thème de la pédophilie et des relations incestueuses, ce sera celui-là…

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