Le temps des sorcières

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D’Alix E. Harrow
Paru chez Hachette (Le Rayon imaginaire)

Avant, quand l’air était si imprégné de magie qu’il laissait un goût de cendres sur la langue, les sorcières étaient féroces et intrépides, la magie flamboyait et la nuit leur appartenait. Ce temps n’est plus, les hommes ont dressé des bûchers, et les femmes ont appris à se taire, à dissimuler ce qui leur restait de magie dans des comptines, des formules à deux sous et des contes de bonne femme.
Mais la vraie sorcellerie n’a besoin que de trois choses pour renaître : la volonté de l’écouter, les vers pour lui parler, et les voies pour la laisser pénétrer le monde. Car tout ce qui est important va par trois.
Ainsi des sœurs Eastwood : Bella, Agnès et Genièvre. Mues par la colère, la peur… et une pulsation écarlate qui ne demande qu’à revivre, des dons qu’elles découvrent peu à peu. Il suffit pour cela de s’unir, et d’y croire, de traquer tous les interstices où elle se dissimule. Car la magie, c’est d’abord penser que chacun est libre d’agir, même si le mal rôde. Le temps des Sorcières pourrait alors bien revenir, pour notre plus grand bénéfice à tous, hommes et femmes.

Un texte à l’ambiance particulière, assez mélancolique mais passionnante et totalement immersive, qui prend le temps d’installer le décor et les personnages.

S’appuyant sur des événements historiques (la naissance des suffragettes à New Salem, aux Etats-Unis), l’autrice s’en détache pour broder habilement sur le thème de la condition des femmes et introduit le fantastique et l’ésotérisme avec délicatesse. Entre traditions et folklore, la magie, bien présente, s’appuie sur les contes anciens, à moins que ce ne soit l’inverse…

Ici, on a affaire à une sorcellerie intime, profondément ancrée, une sorcellerie du quotidien latente en chacune de nous, qui se transmet de mères en filles et que l’on retrouve dans des chansons, des comptines ou encore des contes anciens. Il est également question de solidarité, d’entraide afin d’atteindre une certaine unité à même de permettre aux femmes de s’exprimer et tout simplement d’exister dans une société puritaine à l’extrême.

Le récit est assez dense dans l’ensemble et, malgré quelques longueurs, captivant, avec un déchaînement de rebondissements et une tension intense sur le dernier tiers, qui laissera le lecteur pantelant.

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